Job d'été : la course aux saisonniers bat son plein

Jusqu’en octobre, des milliers de postes sont proposés. Mais chaque acteur du secteur a sa méthode pour capter et fidéliser les meilleurs profils… les entreprises et métiers qui recrutent.

Job d'été : la course aux saisonniers bat son plein

    « Vous pourriez nous donner un coup de main pour trouver des néerlandophones ? » Le message de Marcel Dandrau est passé. Le directeur des ressources humaines chez Belambra est en plein recrutement d’été. Et il recherche, entre autres, des animateurs polyglottes pour accueillir les enfants de sa clientèle internationale. Le défi de ce spécialiste des clubs de vacances en France n’est pas mince : proposer les meilleures prestations aux vacanciers mais aussi des conditions de travail attrayantes pour ses futurs saisonniers.

    A force d'en recruter, Loïc Delboubé identifie aisément certains leviers de motivation. « La concurrence est importante », reconnaît le directeur des ressources humaines chez Pierre & Vacances et Center Parcs. Le groupe recrutera près de 1 000 collaborateurs cette année pour des postes en réception, réservation ou encore en animation. « Les candidats viennent pour la marque, parce que ce sont des beaux sites et bien placés. Il viennent aussi parce qu'on offre des possibilités d'autonomie et d'épanouissement. La moitié d'entre eux sont logés, ce qui est aussi un élément important. »

    1 184 000 salariés dans le tourisme en août, contre 686 000 en moyenne au mois de janvier

    (source : Insee)

    A chacun son vécu. « Nos sites sont davantage en moyenne montagne et en campagne qu’en bord de mer, nuance Emmanuel Chrétien, aux villages vacances VVF. Donc, on n’a pas toujours autant de facilités que d’autres pour recruter dans des métiers en tension comme en cuisine ou dans l’animation. » Mais le responsable formation et recrutement observe une autre portée de sa marque. « Les candidats qui nous connaissent apprécient notre ambiance et nos valeurs. Notre entreprise participe de l’économie sociale et solidaire et c’est un levier qui, aujourd’hui, va parler à beaucoup. »

    « Chez nous, les saisonniers viennent souvent trois ou quatre saisons d’affilée, et pour beaucoup pendant leurs études universitaires »

    , se félicite Philippe Gélis. Le fondateur du parc de loisirs Nigloland à Dolancourt, dans l’Aube, insiste sur l’ambiance familiale de sa structure. « Sur les 200 postes proposés chaque année, 90 % des profils retenus viennent de la région. On essaie de bien s’occuper d’eux pour les garder. » Pour s’assurer qu’ils soient vite intégrés, la direction a préféré embaucher en CDI, parmi ses 80 permanents, des binômes de managers à des postes-clés. « Grâce à cela, nous garantissons la formation et l’encadrement nécessaires à nos saisonniers pour travailler dans nos restaurants ou sur nos attractions, en espérant faire un bout de chemin ensemble. »

    Malgré tout, tous les saisonniers ne sont pas étudiants, loin de là.

    « Nous travaillons sur la base de sept mois d’ouverture et cinq mois de fermeture avec des besoins en professionnels très pointus », confie Franck Farneti. Pour les garder d’une saison sur l’autre, le directeur général du prestigieux Cap d’Antibes Beach Hotel n’hésite pas à faire jouer son réseau. « En fin de saison, il n’est pas rare que nous recommandions nos meilleurs éléments à nos contacts pour leur garantir un autre poste intéressant pour la saison d’hiver, en espérant ainsi les voir revenir vers nous l’été suivant. »

    « Nous avons beaucoup de collaborateurs qui ont une vraie formation en rapport avec nos postes et qui peuvent grandir avec nous »

    , poursuit Marcel Dandrau. Mais le recruteur rappelle que beaucoup d’employeurs peuvent aussi fidéliser leurs saisonniers autrement. « S’ils ont travaillé 12 mois sur deux ans, ils ont droit à la titularisation. Ce principe propre au secteur leur offre le droit de se voir proposer un contrat chaque année. C’est une façon de fonctionner qui convient à beaucoup. » « De nombreux collaborateurs changent de site selon les saisons, confirme Loïc Delboubé. Chez nous, ils peuvent travailler l’été à la mer et l’hiver à la montagne. »

    Cherche frigoriste... ou montreurs d’ours

    Les recrutements liés au tourisme ne se limitent pas à la restauration et à l’hébergement. Certains profils, nécessaires, sont aussi plutôt surprenants.

    Une centaine de métiers différents, c'est l'estimation de Magali Aimé : « Nous avons 2 300 postes à pourvoir pour la saison, résume la directrice du recrutement villages pour la zone Europe-Afrique chez Club Med. Il y a les métiers les plus connus mais aussi des métiers auxquels on ne pense pas tout de suite. Chez nous, un village est une entreprise avec tous les corps de métier. »

    Résultat : l’enseigne recrute aussi des assistants en ressources humaines ou des gestionnaire de stocks dans les fonctions supports, des frigoristes dans les fonctions techniques ou encore des infirmiers ou des spa-thérapeutes.

    Si certains métiers ont toujours existé, d'autres profils sont carrément nouveaux. En cause : la digitalisation croissante de certaines prestations. « Aujourd'hui il faut savoir abandonner le rôle de producteur/fournisseur d'offres packagées pour se concentrer sur le client et se transformer en compagnon du vacancier », analyse Romain Chaumais, co-fondateur d'Ysance, une agence de plateformes digitales. Selon une enquête Orange-Terrafemina publiée en 2013, plus de deux Français sur trois ont maintenant l'habitude de réserver leur séjour sur Internet. « Il ne faut plus penser voyage mais voyageurs, ni raisonner destination mais service. Les gagnants seront ceux qui permettront à leurs clients de réussir leurs vacances. » Selon cet expert, cette évolution suscite déjà des besoins en community managers, responsables digitaux et « data analysts » pour assurer la veille sur les réseaux et proposer en temps réel de nouvelles applications aux touristes.

    Témoin de cette évolution, Rémy Campet, directeur des ressources humaines chez Marco Vasco, propose déjà des séjours sur mesure sur Internet.

    Besoin de renforts

    « Pour cet été, nous recrutons donc des “carnétistes” chargés de leur préparer et d’accompagner leur voyage. » 60 % des voyages proposés par ce prestataire de séjours en ligne se déroulent en juillet et en août, d’où, également, un besoin en suivi « qualité ». « Là aussi nous aurons besoin de renforts pour recevoir les appels des clients et les sonder sur leur séjour. »

    Pour se rendre compte de la diversité des métiers liés au tourisme, il suffisait de se rendre au salon consacré fin mars aux « jobs d’été » à Paris. Parmi les exposants, Aélia, spécialiste de la vente en duty free, recherche des conseillers de vente au sein de ses boutiques de luxe dans les aéroports de Roissy Charles De Gaulle et d’Orly. La société d’assistance Fidélia recrute 100 chargés d’assistance pour recueillir les appels d’assurés en détresse. Ou encore l’organisateur de séjours artistiques VMSF propose 350 postes de musiciens, danseurs, comédiens, plasticiens… ou montreurs d’ours.

    Céline Chaudeau

    Consultez aussi :

    Job étudiant : toutes les offres de jobs pour compléter vos revenus pendant l'année

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    ISTEC
    Commerce / Gestion / Management
    Paris
    L'Ecole Multimedia
    Marketing / Communication
    Paris
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully