A quelques secondes de son entrée en piste, Jean- Pierre Schiltz ne se sent pas le moins du monde stressé. Ancien cadre de direction, il participe au « speed networking » organisé à Avignon (Vaucluse) par l'association d'aide au retour à l'emploi Force cadres. Son ambition ? Décrocher un poste d'ingénieur d'affaires ou de directeur d'agence industrielle dans les énergies nouvelles.
« Au fond, ça ne peut être que positif »
, déclare l'homme de 56 ans, chômeur en fin de droits. Pas faux ! Car la formule du
« job dating »
permet à des candidats en recherche d'activité, de stages ou de contrat d'alternance de rencontrer en un même lieu plusieurs recruteurs,
en face à- face,
au cours d'entretiens flash chronométrés.
Un exercice rythmé par le gong où les participants ont sept minutes pour convaincre, parfois moins?
« Le format impose une certaine rigueur et de la préparation. Il faut aller à l'essentiel »
, explique Lubna Benabella, responsable d'équipes à Pôle emploi Saint-Etienne (Loire). Si le nom des entreprises présentes et les offres à pourvoir sont parfois dévoilés en amont de la manifestation, ce n'est pas toujours le cas.
« Il faut anticiper le plus possible les questions et avoir réfléchi aux compétences et qualités à mettre en avant pour faire mouche »,
conseille Philippe Guittet, directeur de PG Conseil, un cabinet spécialisé dans la gestion de carrière.
Certains recruteurs exposent d'emblée ce qu'ils recherchent.
D'autres laissent l'initiative au candidat de se présenter. Mais tous s'attachent à la même chose : la manière de s'exprimer.
« Une personne hésitante qui cherche ses mots et ne fait pas preuve d'assurance ne retient pas l'attention »,
explique Guillaume Toquet, responsable de l'agence Securitas direct de Saint-Etienne, qui a participé à un job dating en octobre 2009 afin de recruter des commerciaux terrain.
Organisées par des structures publiques ou privées, ces sessions de rencontre éclair connaissent un succès croissant. Mais mieux vaut être à l'affût : la communication sur chaque événement est ponctuelle (presse régionale, médias des partenaires, au sein des écoles) et il n'existe pas de site de référence sur le sujet. Elles sont tantôt réservées à certains profils (cadres, jeunes diplômés, handicapés?), tantôt axées sur un secteur d'activité (services à la personne, énergies renouvelables...), tantôt sur un métier (ingénieur commercial, hommes et femmes de ménage...). Mais que les personnes intéressées ne s'y trompent pas : elles ne repartiront jamais ou presque avec un contrat signé. « Il s'agit davantage d'une étape de présélection que d'un entretien d'embauche », indique Lubna Benabella.
Ceux qui ont fait bonne impression iront ensuite défendre leur candidature durant une entrevue classique, dans les locaux de l'entreprise. C'est sans doute ce qui attend Jean-Pierre Schiltz pour qui le courant est bien passé avec ses deux interlocuteurs successifs. « Sur l'un des postes, je ne me fais guère d'illusion car l'employeur souhaite un profil bilingue allemand alors que je maîtrise l'anglais », précise-t-il. L'avenir dira si le second job est taillé pour lui.
ANN-KAREN BARTOSZWESKI
Article paru dans l'éco LeParisien du Lundi 22 Mars 2010
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