Kedge Business School : un nouveau géant des écoles de commerce est né

What is Kedge ? Interview de Bernard Belletante et Philip McLaughlin. Né de la fusion d’Euromed Management et de BEM, ce nouvel ensemble est doté d’un budget de près de 100 millions d’euros et d’un effectif avoisinant les 10 000 étudiants

Philip McLaughlin (BEM) à gauche et Bernard Belletante (Euromed Management) à droite
Philip McLaughlin (BEM) à gauche et Bernard Belletante (Euromed Management) à droite

    Un nouveau géant des écoles de commerce est né : Kedge Business School. Né de la fusion d’Euromed Management et de BEM, ce nouvel ensemble est doté d’un budget de près de 100 millions d’euros et d’un effectif avoisinant les 10 000 étudiants. Retour sur l’événement de la rentrée avec Bernard Belletante, DG d’Euromed et coordinateur de cette business school made in France, et de Philip McLaughlin, directeur de BEM qui pilote la stratégie internationale de cette nouvelle école, dont les ambitions risquent bien de bousculer la hiérarchie établie.

    Cette fusion annoncée le 2 octobre 2012 sera effective à la rentrée 2013 pour les étudiants.

    Kedge : d’où ça vient ?

    Bernard Belletante.

    Avec l’agence qui a travaillé avec nous pour la recherche de nom, nous en avions sélectionné plusieurs avant d’élaborer une short-list que nous avons finalement soumise à une centaine d’étudiants des deux écoles. Résultat : ils ont massivement voté pour Kedge Business School. Pour l’anecdote « kedge » est un instrument de navigation maritime. C’est une ancre à jet permettant de diriger les bateaux.

    Philip McLaughlin.

    Ce nom répond aussi à notre volonté de porter nos valeurs. Il signifie donc une nouvelle direction, un nouveau cap, un tournant d’exploration. Ce nom symbolise le lien entre les écoles, mais aussi entre les individus et l’ancrage nécessaire à chacun dans son territoire, et donc sa responsabilité face à son environnement.

    SKEMA, Reims-Rouen, Centrale-Audencia, France Business School : Est-ce le sens de l’histoire les regroupements d’écoles ?

    Bernard Belletante.

    Je pense qu’il y a différentes formes de réponses aux nouvelles exigences induites par la mondialisation. Notre métier est de former des dirigeants d’entreprises pour nos entreprises mais avec une demande planétaire. Ce qui implique des changements pour les écoles comme les notres qui souhaitent disposer d’une dimension internationale. Cette vision passe par des standards et des labels qui nous obligent à revoir nos modes de fonctionnement. Par ailleurs, l’impact des nouvelles technologies impose des investissements considérables qu’il faut désormais rentabiliser sur beaucoup plus d’étudiants. Enfin, en France, entre le regroupement des universités et la baisse du financement public, nous sommes obligés de faire bouger les lignes.

    Philip McLaughlin.

    Le financement n’est pas tout. Je suis surtout convaincu qu’il nous fallait positionner cette nouvelle école au-delà des ancrages régionaux, avec une marque en rupture qui sorte de l’univers français, ouvre de nouveaux horizons et qui révèle notre volonté d’innover tant sur le plan pédagogique que de la recherche en management.

    Quelle est l’historique de cette fusion ?

    Bernard Belletante.

    Nous avions discuté avec le CERAM en 2006, sans suite. Puis en 2010, avec Bordeaux nous avons considéré que nous étions au bout d’un modèle de développement et que pour avoir une vision mondiale nous devions associer deux « grandes françaises », avec une forte identité. Bordeaux et Marseille étaient donc des choix naturels pour constituer une grande business school. Nous avions également sollicité l’ESC Toulouse qui réfléchit encore et pour qui la porte est toujours ouverte.

    Philip McLaughlin.

    Au sein d’Ecricome, il y avait une réflexion commune type Skyteam pour avancer sur des projets communs. Je souligne que les deux chambres de commerce ont eu cette réflexion en même temps. BEM et Euromed Management ont entrepris des discussions depuis longtemps. Il faut nécessairement du temps pour aboutir à la décision de s’unir. Mais c’est bien dans une logique d’ouverture que ces relations ont été initiées entre nos deux écoles. Et peut-être avec d’autres plus tard…

    Vous avez le sentiment de jouer dans la cour des grands ?

    Bernard Belletante.

    Du point de vue des chiffres, nous sommes dans les premières écoles françaises. Cela nous permet également de nous rapprocher des critères d’excellence portés par le Top 15 européen. Nous pourrons disposer d’équipes de recherche qui pourront publier au niveau mondial. Par ailleurs, nous pourrons accueillir de nombreux étudiants étrangers tout en nous développant partout dans le monde. Enfin, notre dimension nous permettra d’innover véritablement, en matière de pédagogie à distance notamment.

    Philip McLaughlin.

    J’ai tout de même l’impression qu’on joue dans la cour des grands avec les labels, le placement des élèves, l’internationalisation ou notre classement dans le Financial Time. C’est vrai en revanche que nos moyens actuels rendaient fragiles cette situation. Le rapprochement va nous permettre un vrai développement.

    Vous avez des objectifs très ambitieux avec, d’ici cinq ans, 15 000 étudiants et un budget de 150 millions d’euros. Comment comptez-vous y parvenir ? Quels sont les projets qui vous feront décoller ?

    Bernard Belletante.

    Une source de croissance sera constituée par le recrutement d’étudiants non français sur nos campus étrangers (Marrakech, Dakar, Suzhou…). D’ici 2017, nous aurons également un autre campus en Europe et au moins un nouveau campus dans un pays émergent. Au final, je compte bien accueillir 50% d’étudiants étrangers sur l’ensemble du groupe. Ce qui est sûr, c’est que nous n’augmenterons pas les frais de scolarité en France. Nous comptons aussi sur les entreprises avec une offre adaptée pour la formation des cadres.

    Philip McLaughlin.

    Nos multiples campus dans les quatre continents nous permettront d’élargir notre portefeuille, aussi bien vers les étudiants que les salariés. Il s’agit aussi de mettre en commun nos expertises pour faire émerger des expertises en management reconnues au niveau mondial, que ce soit dans le supply chain management, les vins et spiritueux, le management maritime, la responsabilité sociétale…

    Expliquez-nous l’embroglio avec l’ESC Pau qui signe dans un premier temps avec France Business School avant de vous rejoindre sans faire partie de Kedge Business School ?

    Bernard Belletante.

    Les chambres de commerce ont souhaité intégrer cette école. Nous allons donc travailler pour que l’ESC Pau intègre Kedge Business School dans des conditions académiques et financières optimales. Dans le cas contraire, nous serons obligés de travailler sur un autre scénario.

    Philip McLaughlin.

    Il ne s’agit nullement d’un imbroglio, mais bien de la mise en place d’une stratégie consulaire progressive, qui a tout son sens au niveau régional et sur le plan pédagogique. BEM et Euromed étaient prêtes à aller plus loin et nous n’avons pas voulu attendre pour lancer KEDGE Business School Nous devons travailler un peu pour permettre à Pau d’atteindre les standards fixés par les organismes d’accréditation et rejoindre Kedge Business School par la suite.

    Les anciens élèves risquent de râler ?

    Bernard Belletante.

    J’ai changé le nom de l’EM Lyon, puis celui d’Euromed Management avant de lancer Kedge Business School. A chaque fois, on a annoncé le pire… Rien ne s’est passé. Le mouvement que nous avons entrepris nous impose de ne plus faire référence aux territoires.

    Philip McLaughlin.

    Avec les anciens, pour le moment tout se passe bien. Ils attendent de leur école qu’elle soit en mesure d’innover et de se renouveler pour valoriser leur diplôme.

    La course au gigantisme dans les écoles est-elle inéluctable ?

    Bernard Belletante.

    Une grande école de commerce à vocation mondiale n’a pas d’autre solution que la croissance. Notre projet d’école exige une taille significative, pour mener des projets ambitieux et figurer dans les classements. Sans ces rapprochements essentiels pour les territoires, nous risquons de connaître un désert autour de Paris. D’ailleurs, dans 5 ans, il n’est pas impossible de nous associer avec un grand chinois ou américain.

    Philip McLaughlin.

    Pas pour tout le monde. Il n’y a pas de « best way ». A chaque école de construire sa stratégie pour définir au mieux son modèle.

    Le modèle SKEMA vous a-t-il servi de référence ?

    Bernard Belletante.

    J’ai apprécié cette initiative à l’époque et nous avons fortement observé ce projet.

    Philip McLaughlin.

    Je pense qu’on a développé notre propre modèle.

    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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