Emploi. L'économie verte à la recherche de profils techniques

Accompagner la transition énergétique, promouvoir le développement durable, l’économie verte est une filière d’avenir pour les entreprises.

L’Apec a identifié dans une récente étude 32 nouveaux métiers stratégiques et porteurs dans les domaines de la chimie du végétal et des biotechnologies industrielles
L’Apec a identifié dans une récente étude 32 nouveaux métiers stratégiques et porteurs dans les domaines de la chimie du végétal et des biotechnologies industrielles

    Accompagner la transition énergétique, promouvoir le développement durable, l’économie verte est une filière d’avenir pour les entreprises. Elles sont à la recherche de profils qualifiés pour réaliser ce défi.

    Objectif : 100 000 emplois verts en trois ans. Lors de sa première conférence de presse comme ministre de l'Ecologie, en avril dernier, Ségolène Royal s'est voulue résolument optimiste. « Pour l'instant, ce n'est pas encore une part importante des missions qui nous sont confiées », tempère Fatine Dallet, directrice de la division ingénieurs chez Michael Page. En 2014, les profils liés à l'environnement et au développement durable n'ont représenté que 10 % des recrutements du cabinet. Malgré tout, la consultante confirme que les profils demandés évoluent. « Certains secteurs offrent de vraies perspectives intéressantes comme les énergies marines éoliennes offshore ou la biomasse qui génère de nouveaux projets. »

    Preuve que les profils verts se développent : l'Apec a identifié 32 nouveaux métiers stratégiques et porteurs dans les domaines de la chimie du végétal et des biotechnologies industrielles. Y figurent beaucoup de profils de techniciens comme des ingénieurs « matériaux biosourcés », « bioprocédés » ou « méthanisation ». « La chimie du végétal consiste à générer des produits ou des substances chimiques en partant de biomasse végétale (produits agricoles, déchets ou résidus végétaux), par opposition aux ressources fossiles (pétrole, charbon) », explique Christophe Rupp-Dahlem, vice-président R&D chimie du groupe Roquette et président de l'Association nationale de la chimie du végétal. L'association, qui regroupe déjà 50 industriels, prévoit de nouveaux recrutements de techniciens.

    Un retard français

    « En France, on a encore du retard en la matière mais les choses évoluent. Il y a un grand intérêt écologique à utiliser la biomasse car le bilan carbone est neutre, voire positif. Si ce n’est pas encore moins cher, on se rapproche de plus en plus des prix de procédés à base fossile. Sans compter l’intérêt pour la marque employeur… »

    Malgré tout, ces nouveaux profils verts ne dépendent pas uniquement des énergies renouvelables. « Une deuxième catégorie de profils relève davantage de l'efficacité énergétique, poursuit Fatine Dallet. On voit ainsi fleurir des ingénieurs en efficacité énergétique, des ingénieurs développement durable, des techniciens RSE (responsabilité sociétale de l'entreprise) ou QHSE (qualité-hygiène-sécurité-environnement). Ces nouveaux profils sont intéressants pour les entreprises car ils permettent de travailler sur des projets de développement durable mais aussi sur d'autres missions transverses. »

    « On peut accompagner la transition énergétique de façon assez large, confirme Eric Larrey, directeur de l'Ideel, l'Institut des énergies décarbonées et écotechnologies de Lyon (Rhône) qui imagine l'usine du futur. Cela va du choix du matériau au recyclage en passant par l'efficacité énergétique. » Cet expert évoque des profils prometteurs de techniciens isolation, d'énergéticiens spécialisés dans la récupération de la chaleur ou encore d'ingénieurs agronomes ou procédés spécialisés dans l'analyse des cycles de vie de la biomasse. « Cette question de l'écologie industrielle, autour du recyclage et de l'économie circulaire, sera vite déterminante. Car à court terme, cela peut être une source de revenus mais aussi d'image. »

    330 000 Emplois verts seront créés d’ici 2030 en France (Source : Observatoire français des conjonctures économiques).

    Formation : les candidats ont-ils intérêt à se spécialiser ?

    L'avis de Anthony HAMON cogérant du cabinet Human Energies :

    Comment évoluent les postes verts ?

    En termes de nombre, inutile de se mentir, ils restent encore largement minoritaires. Cependant, on note tout de même une légère évolution. Les entreprises affichent de plus en plus, pour leur marque employeur, une sensibilité environnementale pour attirer les candidats. Concrètement, les postes proposés dépendent moins du développement durable que de l’efficacité énergétique devenue un enjeu majeur pour l’industrie et la production industrielle.

    Quels sont les profils verts les plus recherchés ?

    On nous demande beaucoup d’ingénieurs thermiques pour pouvoir répondre aux nouvelles normes, notamment dans le bâtiment, avec le pacte énergie solidarité mis en place pour les particuliers. Les profils privilégiés sont des ingénieurs ou des techniciens avec une expérience professionnelle en efficacité énergétique. Quant à la formation, elle reste généraliste, mais avec des formations et certifications complémentaires bienvenues.

    Les candidats ont-ils intérêt à se spécialiser ?

    L'avenir est à l'efficacité énergétique mais les nouveaux profils verts sont plus pragmatiques. Ils ont un profil adaptable. Un diplômé en génie thermique peut travailler dans l'univers du bâtiment, de l'industrie ou chez des installateurs. A côté de cela, ils sont aussi ouverts à des formations complémentaires. Certaines grandes écoles, comme l'Institut national des sciences appliquées (INSA), proposent des modules en efficacité énergétique qui sont appréciés. Et de leur côté, la plupart des entreprises proposent des formations en interne sur ces sujets. Les étudiants ne veulent pas non plus s'enfermer dans un profil trop vert et ils ont raison. Ceux qui jadis ont choisi des filières dans le photovoltaïque se sont enfermés dans une spécialisation qui n'a jamais décollé ni proposé de vrais débouchés. Aujourd'hui, en termes de développement durable, seule une spécialisation dans l'éolien offre des perspectives certaines.

    Environnement : les entreprises qui recrutent

    EDF

    prévoit 5000 recrutements pour 2015 en partie dans les énergies renouvelables : edfrecrute.com.

    GDF Suez

    prévoit de recruter 9 000 personnes en 2015, dont des techniciens chauffage, ventilation et climatisation (CVC) : www.gdfsuez.com.

    OSTWIND

    aura des postes d’ingénieur et de chefs de projet éolien à pourvoir pendant toute l’année : www.ostwind.fr.

    ALSTOM

    affiche plusieurs centaines de postes et recherche des profils avec une expérience dans les énergies renouvelables : alstom.com.

    APAVE

    groupe spécialisé dans les risques environnementaux, affiche plusieurs centaines de recrutements : apave-recrutement.com.

    IDEX

    spécialisé dans l’efficience énergétique, recrute près de 400 collaborateurs : idex-groupe.com.

    Dossier Réalisé par Céline Chaudeau

    Article issu du Parisien Économie du 26 janvier 2015

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Audencia Business School
    Economie / Finance / Banque / Comptabilité
    Nantes
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully