La classe inversée. Le cours à la maison, les devoirs à l'école...

Une révolution pédagogique. C’est la méthode de la classe inversée qui se développe en France, comme dans ce collège d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Ici, le prof fait la leçon à l’envers. démonstration.

Dans cette classe de 4e, Geoffroy Laboudigue, le prof de maths, assis au milieu de ses élèves, les aide à faire leurs excercices. (LP/Philippe Lavieille.)
Dans cette classe de 4e, Geoffroy Laboudigue, le prof de maths, assis au milieu de ses élèves, les aide à faire leurs excercices. (LP/Philippe Lavieille.)

    Dans la classe de maths de Geoffroy Laboudigue, on n’écrit plus guère au tableau. Ce jeune professeur d’Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ne fait plus cours, du moins pas au sens où on l’entend traditionnellement : il pratique la classe inversée.

    Ses élèves de 4 e découvrent leurs leçons à la maison, dans des vidéos qu’il poste sur Internet, et pendant le cours au collège, ils font les devoirs.

    Cette révolution pédagogique commence à se développer en France, essaimée par une troupe d'enseignants convaincus de ses vertus. La dernière semaine de janvier, partout en France, et ici à Créteil (Val-de-Marne), ils ont organisé colloques et classes ouvertes pour 2 500 professeurs, directeurs ou inspecteurs de l'Education nationale, sous le regard bienveillant du ministère de l'Education. Au collège Roger-Martin-du-Gard d'Epinay, outre le prof de maths, « une dizaine d'enseignants sur soixante-dix s'intéressent au sujet », indique Bruno Herot, le principal adjoint de cet établissement de 800 élèves, classé parmi les moins favorisés de France (REP +).

    Une méthode et un média qui parle aux jeunes

    Pour Geoffroy Laboudigue, le déclic s'est produit il y a trois ans : « Je n'en pouvais plus d'entendre mes élèves dire qu'ils n'arrivaient pas à faire leurs devoirs. » Passionné de montage, il a commencé à bricoler des cours en vidéo. Pas trop de texte, pas de son : le résultat ressemble à des fiches synthétiques, version numérique. Un média « qui parle aux élèves parce qu'il passe par leur univers », estime Geoffroy Laboudigue. A la maison, les enfants doivent visionner la leçon d'une minute et la recopier. Un travail qui leur prend environ dix minutes. A chaque début de cours, les cahiers sont vérifiés.

    Ce lundi matin, Mélanie et Ryan ont zappé la vidéo sur le volume des prismes droits qu’ils étaient censés regarder. Vite, ils vont se mettre au fond de la classe, pas au piquet mais devant l’un des quatre postes informatiques vieillissants de la classe, pour rattraper leur retard. « Qui n’a pas compris ? » questionne Geoffroy. Huit élèves d’un groupe lèvent la main et s’installent autour d’une table : « Posez-moi toutes les questions que vous voulez », embraye l’enseignant, heureux de n’être plus « un instructeur, mais un aiguilleur pour les jeunes ».

    Les élèves deviennent rapidement autonomes et actifs...

    Autour de lui, l'ambiance rappelle un peu les classes à double niveau des écoles primaires : les enfants, par petits groupes, dissertent penchés sur leurs cahiers. Pour le prof, le défi consiste à s'adapter non plus à une classe, mais à 18 individus. On devine que la mission se complexifierait beaucoup avec un groupe de 30. Trop ? « Ce serait difficile, mais pas impossible, pense Geoffroy Laboudigue. Avec la classe inversée, les élèves deviennent rapidement autonomes et actifs en classe, même ceux considérés comme perturbateurs. »

    Au premier rang, Faysal et son voisin ne demandent pas d’aide. Ces matheux enchaînent d’eux-mêmes la série de quatre exercices correspondant au cours. Pour eux, le prof a prévu un « bonus » : un cinquième exercice optionnel, plus difficile. La cerise sur le gâteau des forts en thème.

    Ce qu'en disent les élèves

    Dans la classe de 4 e de Geoffroy Laboudigue, tous les élèves, même d’origine modeste, disposent chez eux d’Internet et d’un écran pour regarder leurs cours de maths en ligne.

    « A la maison, on est au calme pour écouter les leçons, on est moins distrait qu’en classe, et du coup on comprend mieux », apprécie Ryan.

    Son camarade Faysal acquiesce : « En plus c'est court, on ne perd pas de temps ! » Pour chaque chapitre, les élèves disposent d'une « fiche chemin », une feuille A4 où sont inscrites toutes les vidéos à voir, et les exercices correspondants qui seront cochés à mesure que les élèves les auront faits et réussis. Un parcours fléché qui rassure beaucoup Jemima : « J'aime bien savoir où j'en suis ». Kwincy, lui, profite surtout du travail de groupe en classe, et des explications de ses camarades. « Quand c'est un autre élève qui explique, c'est plus direct, on emploie les mêmes mots. »

    Christel Brigaudeau

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