Est-ce un journal intime ? Une ?uvre d'Art ? Un carnet de voyage ? Ou un livret de photos ? Ce qui est certain, c'est que ce livre relève de l'exercice d'exorcisme d'une épreuve douloureuse de la vie de l'artiste et qu'il est aussi poignant sur le fond qu'il est original dans sa forme.
Cette douleur, c'est une rupture annoncée par téléphone à l'artiste, lors d'un voyage en Asie, et qu'elle tient pour la blessure la plus profonde de sa vie, textes et photos à l'appui. En 1984, elle reçoit une bourse de trois mois pour le Japon et elle part, malgré une menace de rupture de l'homme qu'elle aime, sans savoir que ce voyage de quatre-vingt douze jours, aboutira à une séparation banale mais particulièrement douloureuse. De retour en France, elle décide de raconter sa douleur et de la mettre en perspective en interrogeant des inconnus sur le moment le plus déchirant de leur existence.
Douleur exquise
se déploie ainsi en trois volets magnifiques retraçant cette mésaventure.
Avant la douleur
se présente comme un compte à rebours de quatre-vingt douze jours, de son départ jusqu'aux retrouvailles prévues à New Dehli avec un homme. Le lieu de
La douleur
se situe dans une chambre d'hôtel, réservée par celui qui devait l'attendre, mais qui lui apprend finalement par téléphone qu'il viendra pas, qu'il ne viendra plus jamais. Le troisième volet,
Après la douleur
est le déroulement du récit, de la souffrance répétée jusqu'à son épuisement.
A l'occasion de la rétrospective qui lui est consacrée au Centre Georges Pompidou, la lecture de Douleur exquise apparaît comme le plus sûr moyen de plonger définitivement dans l'univers de cette artiste hors norme, qui met en scène sa vie sans tomber dans une vulgaire auto fiction.
Cette article a été écrit par Eléonore Feld invitée par Paul