La Sorbonne va faire des petits

Pour rester compétitives, les facultés parisiennes se regroupent et cherchent toutes à récupérer le nom de la Sorbonne pour se faire connaître.

La Sorbonne va faire des petits

    Les grandes manoeuvres sont engagées ! Universités et grandes écoles parisiennes se rassemblent en grands « pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) universitaires ». Objectifs : briller à l'international, muscler la recherche et récupérer un peu d'argent. Etat des lieux.

    Rassembler pour peser.

    Trois pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) universitaires et une fondation se dessinent.

    L'enjeu est de taille. Car la recherche parisienne pèche en partie par l'éclatement des facultés. « Nous avons une quinzaine d'universités à Paris. Elles travaillent pour la plupart en concurrence. Il faut absolument les faire collaborer plus intensément car la compétition est désormais internationale », explique-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Et de préciser : « Plus elles sont regroupées, plus elles sont visibles et attractives. C'est la méthode utilisée par les Américains pour attirer et garder les talents. »

    Dynamiser la recherche.

    Autre solution pour être « plus visible » : faire bonne figure dans les classements internationaux, comme celui dit de Shanghai, qui classe les facultés en fonction de leurs citations dans les grandes revues scientifiques. Comment ? En ne signant plus les articles de recherche sous le nom de chaque université, mais sous un nom commun. A plus long terme, l'objectif est de pousser la recherche en faisant travailler les équipes sur des programmes communs ou en leur permettant d'utiliser les équipements d'autres établissements.

    Un chamboulement immobilier.

    Il faudra aussi bouger un peu les meubles. « Il faut passer d'environ 130 locaux actuellement à une quarantaine d'ici 2020 », détaille Patrick Gérard, le recteur de l'académie de Paris. Ainsi, des négociations sont en cours pour que Paris VI s'installe complètement à Jussieu.

    Aussi une histoire d'argent.

    C'est le nerf de la guerre. Les PRES bénéficient de financements spécifiques. Lancé en 2008, le plan Campus a réservé une enveloppe de 700 M? aux établissements de Paris intra-muros. Quelque 200 M? sont d'ores et déjà accordés à Sorbonne Paris Cité. Les autres universités regroupées pourront être candidates aux 500 millions restant. Par ailleurs, le campus de Condorcet, qui accueillera le futur PRES Hesam, a obtenu 450 M euros de financement. Les universités louchent aussi sur le futur grand emprunt.

    Un label très convoité

    Mais à qui appartient la « Sorbonne » ? A la suite de l'éclatement de l'ex-université de Paris en 1968, cinq universités utilisent le nom de l'édifice situé dans le cinquième arrondissement. Problème, les trois groupements universitaires (PRES) sont bien décidés à profiter de cette « marque ». Par exemple, celui officiellement intitulé Université Paris-Cité va bientôt changer d'appellation au profit de Sorbonne Paris-Cité.

    Les PRES souhaitent ainsi bénéficier de la renommée internationale du mot Sorbonne. Plus surprenant, la mairie de Paris et le conseil régional d'Ile-de-France sont récemment montés au front pour dénoncer le projet de Paris-II, Paris-IVet Paris-VI.

    Ces dernières souhaitaient se regrouper sous le nom de Sorbonne Universités et tentaient, selon la mairie de Paris, de s'approprier de façon « exclusive » le « nom Sorbonne ». Intolérable pour la mairie qui rappelle qu'elle est « propriétaire du bâtiment de la Sorbonne et de la marque Paris Sorbonne ». Le conflit s'est apaisé depuis. Et, selon Jean-Louis Missika, adjoint PS au maire de Paris chargé des universités, « les trois PRES vont signer une charte de bonne conduite concernant l'utilisation de ce nom ».

    Ce qui changera pour les étudiants

    Les pôles de recherche et d'enseignement supérieur auront des répercussions concrètes sur la vie quotidienne des étudiants. Première conséquence : la mise en commun de lieux d'étude, comme les bibliothèques. « Par exemple, plusieurs universités auront accès à une grande bibliothèque commune sur le campus de Condorcet, près de la porte de la Chapelle.

    Elle aura 40 km de rayonnages pour un million d'ouvrages. Un équipement impossible à mettre en place sans mutualisation des moyens », explique-t-on au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

    « Les groupements pourront aussi avoir des conséquences dans au moins trois domaines importants : la santé, le logement et la vie culturelle et sportive », explique Jean-François Girard, président de Sorbonne Paris-Cité où l'on réfléchit fortement à la création d'un centre de médecine préventive. Enfin, certains évoquent la possibilité de faciliter les cours à la carte. Les étudiants pourraient picorer entre les filières de plusieurs universités regroupées sous le même pôle.

    Les nouveaux pôles universitaires

    Université Paris-Cité ou Sorbonne Paris-Cité:

    114000 étudiants, 6800 doctorants, 4200 enseignants-chercheurs.

    Seul pôle ayant déjà une existence légale, il regroupera quatre universités (Paris-III-Sorbonne nouvelle, Paris-V-Descartes, Paris-VII-Diderot, Paris-XIII-Nord) et quatre grands établissements (Sciences-po, l'Inalco, l'Ecole des hautes études en santé publique et l'Institut de physique du globe de Paris).

    Hesam (Hautes Etudes, Sorbonne, Arts et Métiers):

    58000 étudiants, 6700 doctorants, 2100 enseignants chercheurs.

    Mené par l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, ce pôle devrait déposer ses statuts avant l'été. Il fédère essentiellement des écoles de renom : le Cnam, Arts et Métiers ParisTech, Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Ecole française d'Extrême_Orient, ESCP Europe, Inha et l'Ecole pratique des hautes études.

    Sorbonne universités ou PRES 2-4-6 :

    67000 étudiants, 7000 doctorants, 3000 enseignants-chercheurs.

    C'est certainement le groupement le moins avancé. Il est constitué de Paris-II, Paris-IV-Sorbonne et Paris-VI.

    Campus Paris sciences et lettres quartier Latin:

    Un peu à part, cette « fondation de coopération scientifique » est animée par cinq établissements prestigieux : l'Ecole normale supérieure, le Collège de France, l'Observatoire de Paris, ESPCI ParisTech et Chimie ParisTech.

    BORIS CASSEL

    Article paru dans Le Parisien édition Paris, du Mercredi 5 mai 2010

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