Langues : le grand bond en avant des cours de chinois

400 %, c’est la hausse du nombre d’élèves ayant choisi le chinois comme langue vivante sur une période de neuf ans. Collèges, lycées et surtout grandes écoles... Partout le chinois est un investissement d’avenir : explications.

Langues : le grand bond en avant des cours de chinois

    « C’EST DU CHINOIS... » Cette expression synonyme d’ «  incompréhensible » pourrait bientôt perdre — un peu — de son sens : partout, la langue de Mao fait des émules dans les écoles françaises. Un pari sur le futur que les recruteurs voient plutôt d’un bon œil.

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Enseigné dans à peine vingt établissements dans les années 1970, le mandarin est aujourd’hui au programme de... 618 collèges et lycées ! «  Et le phénomène va s’amplifier  », prédit Jean-Pierre Lorenzati, le président de l’association France Chine Asie éducation. A la rentrée 2013, 37 100 élèves ont choisi le chinois comme langue vivante, contre 9 000 en 2004, soit une hausse de plus de 400 % en neuf ans. Des chiffres impressionnants, à nuancer cependant lorsqu’on les compare à l’ensemble de la population scolaire : seuls 0,8 % des collégiens et lycéens suivent des cours de mandarin.

    Une langue "bankable"

    « Mais le chinois sera bientôt la première langue du monde à dépasser les 1 % », surenchérit Joël Bellassen, inspecteur général à l'Education nationale. Aux motivations traditionnelles — dépaysement linguistique, défi individuel —, s'en ajoute une autre : le chinois est en passe de s'imposer comme une langue bankable au même titre que l'anglais, l'espagnol ou l'allemand. De fait, du côté des cabinets de recrutement, on commence à regarder d'un œil plus attentif les profils des jeunes diplômés ayant des notions dans la langue de Mao. « Cela témoigne d'une vraie volonté d'internationalisation et d'une certaine ambition », décrypte Hubert Levesque, le directeur général du cabinet Morgan McKinsley. Pour lui, « c'est surtout dans dix ans que ce plus fera une vraie différence ».

    Une analyse que ne partage pas Romain Werlen, directeur senior chez Page Personnel. Pour lui, le chinois est déjà une nécessité dans certains domaines. « Dans l'import-export, notamment », précise-t-il. Ce regain d'intérêt, le recruteur l'explique par l'explosion du commerce comme des flux d'argent entre la France et la Chine. « La France est devenue le premier pays d'accueil en Europe des investissements créateurs d'emplois venant de Chine, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne », confirme Camille Yihua Chen, la directrice de la rédaction du magazine «  Patrimoine et Marchés  ».

    Ces évolutions, les grandes écoles y sont attentives. Certaines — l'EM Lyon, la Skema (commerce) ou encore Centrale (ingénieurs) — ont ouvert des campus en Chine. D'autres, comme Sciences-po Paris, lancent des partenariats avec les universités de Shanghai et de Pékin. La demande des étudiants explose.

    « Nous comptons près de 700 étudiants sur notre campus, contre une soixantaine il y a six ans », remarque Denis Boissin, directeur de l’antenne chinoise de la Skema Business School. A leur retour, la plupart des étudiants repartent avec le HSK, le seul test de linguistique reconnu par les autorités chinoises.

    400 %, c’est la hausse du nombre d’élèves ayant choisi le chinois comme langue vivante sur une période de neuf ans.

    Un accélérateur de carrière pour jeunes diplômés ambitieux…

    Faire le pari de partir s'installer en Chine pour y travailler, cela en vaut-il la peine ? « Oui, à condition de se montrer patient dans un premier temps », prévient Nicolas Milonas, cofondateur et vice-président d'Acropolis Associates Executive Search, une agence de recrutement basée à Shanghai. Ce patron installé là-bas depuis dix ans conseille l'aventure aux jeunes cadres ambitieux. « Mais lorsqu'ils arrivent en Chine, les jeunes diplômés des grandes écoles françaises doivent se satisfaire de salaires de 25 à 50 % moins élevés qu'en France durant les deux-trois premières années de leur vie professionnelle.

    Une fois ce temps écoulé, cette différence est vite rattrapée, car les Chinois n’ont pas peur de prendre le risque de faire confiance à de jeunes recrues. Comme ils sont moins attentifs que nous à l’expérience accumulée, il n’est pas rare de voir des directeurs d’usine d’une trentaine d’années nommés à ce type de fonctions », explique Nicolas Milonas.

    Sciences de la vie, automobile, aviation, consulting, mais aussi marketing, etc., pour ce recruteur, le marché chinois ne manque pas d’opportunités. Avec une prime aux Français qui oseront partir à la conquête de l’ouest du pays — le « Go West », comme l’appellent les Chinois —, dans des villes encore peu connues en France comme Chongqing et Chengdu : « Des territoires en plein boom économique », précise-t-il.

    Mathieu Lehot

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