Les ingénieurs français ont la cote chez nos voisins allemands

Confrontés à une pénurie d'ingénieurs dans leur pays, les entreprises allemandes sont nombreuses à se tourner vers les Écoles françaises pour trouver ces profils qualifiés.

Le manque d'ingénieurs en Allemagne induit une nouvelle motivation en France pour les doubles diplômes proposés par les grandes Ecoles (ci-dessus, Ecole des Mines de Paris)
Le manque d'ingénieurs en Allemagne induit une nouvelle motivation en France pour les doubles diplômes proposés par les grandes Ecoles (ci-dessus, Ecole des Mines de Paris)

    Confrontés à une pénurie d'ingénieurs dans leur pays, les entreprises allemandes sont nombreuses à se tourner vers les Écoles françaises pour trouver ces profils qualifiés.

    Alors que la France est le premier pays européen à former des ingénieurs, les classes scientifiques sont boudées par les jeunes Allemands

    . La pénurie d’ingénieurs se fait sentir. Face au danger en termes de compétitivité, le ministère du travail allemand a ouvert en juin un

    site destiné à attirer des profils étrangers qualifiés

    : www.make-it-in-germany.com . Depuis quelques années déjà, les entreprises d’outre-Rhin viennent recruter des ingénieurs dans les grandes écoles tricolores. Ces opportunités en amènent de plus en plus à apprendre la langue de Goethe et à suivre des cursus franco-allemands.

    L’allemand a le vent en poupe

    La mise en place de classes de 6ème bilangues depuis dix ans a donné un second souffle à l’apprentissage de l’allemand

    . « Cela se ressent dans les écoles, affirme Jörg Eschenauer, président de l’Union des professeurs de langues des grandes écoles (Uplegess). Au concours Mines-Ponts 2012, 1000 candidats ont planché en allemand première langue. »

    L’allemand en seconde langue se porte également bien.

    « Un nombre croissant d’étudiants commencent a l’étudier durant leur cursus », ajoute Jörg Eschenauer. Ainsi, les deux tiers des écoles membres de l’Uplegess ont récemment ouvert un cours d’allemand débutant.

    Les doubles cursus font le plein…

    La tendance est aussi à l'augmentation des effectifs dans les cursus préparant à un double diplôme d'ingénieur français et de master allemand. Enseignant depuis quinze ans au sein d'un master entre Supméca et Hochschule Esslingen, Thierry Soriano constate que ces diplômés « sont très prisés des recruteurs allemands ». La plus importante formation est dispensée entre le centre de Metz des arts et métiers ParisTech et les universités de Dresde et Karlsruhe, avec 160 élèves par an. « Nos approches pédagogiques sont très complémentaires, affirme Hubert Mertz, professeur. Conceptuelles et généralistes en France; pratiques et spécialisées en Allemagne. » Au final, la moitié environ des diplômés français de ces cursus commencent leur carrière en Allemagne.

    Ces doubles diplômes s’inscrivent dans une structure binationale, l’UFA (Université franco-allemande), qui compte 5000 étudiants. « Nous avons un millier d’élèves ingénieurs, précise Otto Iancu, son président, dont 600 Français. Et ces effectifs vont croissant. » La pénurie d’ingénieurs en Allemagne induit une nouvelle motivation pour ces formations qui facilitent le recrutement dans des entreprises qui connaissent peu les grandes écoles. « C’est une chance d’être ingénieur franco-allemand, confirme Shéhérazade Benzerga, élève en double diplôme entre l’ENSGSI et l’université technique de Kaiserslautern. Pour la double culture et la double compétence. »

    … et alimentent l’industrie allemande

    Les ingénieurs sont très demandés dans certains domaines. « Les opportunités sont nombreuses dans les secteurs d'application de la mécanique : automobile, énergie, machines-outils, aéronautique », détaille Hubert Mertz.

    L'implantation de nombreux industriels dans des villes proches de la France, comme Karlsruhe, Fribourg ou Stuttgart, est un attrait supplémentaire pour les Français. D'autant que l'Allemagne a moins délocalisé que d'autres pays. D'où la conclusion de Thierry Soriano : « De fait, les postes dans l'industrie restent nombreux, ce qui explique que les ingénieurs soient particulièrement recherchés dans ce secteur. »

    Témoignage

    Pourquoi avoir préparé un double diplôme franco-allemand ?

    J’ai choisi Supméca car je voulais travailler dans l’automobile. J’étais aussi attiré par l’Allemagne dont nombre d’entreprises sont des références mondiales du secteur. Posséder un diplôme allemand était clairement un atout pour trouver un travail outre-Rhin.

    Avez-vous facilement trouvé votre emploi ?

    J’ai directement cherché un emploi en Allemagne. J’ai postulé chez Bosch à un moment où la tension sur les profils d’ingénieurs était forte. Aujourd’hui encore, les possibilités d’y travailler sont nombreuses. Je recommande d’apprendre l’allemand, c’est très bien perçu et facilite l’intégration.

    Quels sont les attraits de la vie professionnelle en Allemagne ?

    Nos conditions de travail sont très agréables. Chez Bosch nous travaillons 40 heures par semaine et chaque heure supplémentaire est récupérée. Cela a un effet concret sur l’équilibre de vie. J’espère aussi qu’avoir travaillé chez le premier équipementier automobile mondial apportera une belle valeur ajoutée à mon CV.

    Dossier réalisé par Ariane Despierres-Féry

    en partenariat avec Le Journal des Grandes Ecoles

    Article paru dans le Parisien Économie du lundi 17 septembre 2012.

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