37 campus mobilisés contre la réforme du Code du Travail

Hollande défié par sa jeunesse : syndicats étudiants et lycéens appellent à manifester aujourd’hui mercredi 9 mars. Feront-ils reculer le gouvernement.

Etudiants de La Sorbonne / Université Paris 1
Etudiants de La Sorbonne / Université Paris 1

    Après des semaines de fronde contre la réforme du Code du travail, c’est l’heure de vérité : les étudiants, qui manifestent aujourd’hui, feront-ils reculer le gouvernement ? Les organisateurs ont pris des photos et pour prouver en images sur les réseaux sociaux leur mobilisation : 400 têtes réunies à la faculté de Rennes 2, idem à Angers, 600 à Saint-Denis ou encore 400 à Grenoble…

    Les assemblées générales organisées hier pour sonner le tocsin de la grogne étudiante semblent avoir fait le plein dans les amphis. L’Unef, la principale organisation à la manœuvre, a appelé à manifester dans 37 campus aujourd’hui, notamment à Paris, où un rassemblement doit se tenir à 14 heures, place de la République. Cet appel est présenté comme le premier round d’un combat destiné à s’amplifier, selon les militants, jusqu’à la fin du mois de mars.

    Hier, mardi 8 mars, Hollande a tenté de déminer le terrain : « Nous pouvons éviter les ruptures. Je pense qu’il faut laisserle temps de la discussion, et que le temps de la décision viendra », temporise le chef de l’Etat. Une chose est sûre : le « tour de chauffe », aujourd’hui, va peser sur la suite des événements.

    « Je préfère un taf plus précaire que pas de travail du tout »

    Clémentine, étudiante en droit à la la Sorbonne

    Apprentis exploités, heures supplémentaires minorées, congés non garantis… Clémentine passe en revue les dizaines d'affichettes étrillant la loi Travail placardées sur les murs de la prestigieuse université de la Sorbonne. « Comme si tout était aussi noir », peste-t-elle. A 21 ans, la Parisienne ne manifestera pas aujourd'hui. Elle n'est « ni de droite ni de gauche », juste une étudiante en troisième année de droit qui se rêve commissaire-priseur mais qui, comme beaucoup de ses camarades rencontrés hier, ne cache pas ses inquiétudes. « Je sais que mes diplômes ne me garantiront pas du travail et cela m'angoisse beaucoup. J'ai peur de devoir rester trop longtemps chez mes parents », note-t-elle avec un débit rapide. Un « assouplissement des règles », elle est pour. « Je préfère un taf plus précaire, quitte à être payée moins que ce que je vaux, que pas de travail du tout, lance-t-elle. S'il faut, quand on est jeune, en passer par là pour acquérir de l'expérience et ensuite avoir un emploi stable, je ne vois pas où est le problème. » Alexandre fait les gros yeux. « On ne construit pas une société en pensant individuellement et en catégorisant les professions », rumine avec son accent, ce natif de Narbonne de 25 ans, devant la fac d'où entrent et sortent des dizaines d'étudiants pressés. Cet après-midi il sera en bonne place dans le cortège des manifestants partant de la place de la République. Déjà en 2006, se rappelle-t-il, il cramait des poubelles devant son collège pour « faire la nique » au contrat première embauche (CPE).

    L’avenir, ça nous inquiète tous.

    « Bien sûr je me suis assagi mais manifester est très important. Ce que je reproche à la loi El Khomri, c'est d'éloigner les humains, de faire comme si licencier n'était pas si grave », explique celui qui se définit comme « un sympathisant de gauche ». « Vous savez, là je fanfaronne mais dans quinze minutes je m'enferme à la bibliothèque pour bosser pendant des heures pour réussir mon master. L'avenir, ça nous inquiète tous. Alors quand il est écorné par ceux pour qui on a voté, ça fait mal », résume-t-il.

    Moi j’ai envie de continuer à avoir confiance en ce gouvernement

    Pause cigarette et soleil pour Marine et Diane, 21 ans. Elles aussi ont voté François Hollande en 2012.

    « C’est peut-être bête, mais moi j’ai envie de continuer à avoir confiance en ce gouvernement. Quelle part de fantasme dans tout ce qu’on entend ? Qui a vraiment lu les 130 pages de la loi ? Moi je ne me sens pas légitime pour la contester », indique Diane, étudiante en droit public en montrant les tracts qu’on lui a distribués un peu plus loin. A quelques mètres, un petit groupe de six papote. Tous sont d’accord : s’ils n’avaient pas eu un examen blanc vendredi, ils auraient manifesté leur désaccord. « Cette loi, elle tue le salarié », affirment ceux qui étudient… le droit social. Quitte à énerver un de leur professeur, Jean-Denis Combrexelle, qui n’est autre que le haut fonctionnaire qui a rédigé le rapport du Code du travail dont tout le monde parle…

    Un lycéen : « On en parle tous sur Facebook »

    Discrètement mais sûrement. Hier midi, devant les lycées Maurice-Ravel et Hélène-Boucher (Paris XXe), des dizaines de jeunes discutent. En coulisses, la mobilisation s'organise. « Les terminales ont distribué des tracts à la cantine », explique Lola, petite rousse juchée sur des talons et élève en seconde, en sortant une feuille de son sac qui revendique : « Lycéen-nes, étudiant-es, chômeurs-es, travailleurs-es contre la loi travail ! » Les grévistes ont prévu des blocages à l'entrée ce matin à 8 heures avant d'enchaîner avec les rassemblements à Nation et République.

    Même le prestigieux lycée Louis-le-Grand a prévu un blocus

    Pendant les vacances, certains avaient utilisé les réseaux sociaux pour organiser la riposte. « On en parle tous sur Facebook », témoigne Romain, 15 ans. Sur Facebook justement, un groupe, qui ne prétend pas à l'exhaustivité, recense les établissements qui participent dans toute la France, comme à Bordeaux, Rouen, Nîmes ou Orléans. Même le prestigieux lycée Louis-le-Grand (Ve) a prévu un blocus. Hier, là aussi, la pause déjeuner était consacrée à une question stratégique : comment bloquer les cinq accès de l'établissement ? « Si on tient une demi-heure, on aura déjà mis un bon coup de pied dans la fourmilière », note Thomas, un des 30 organisateurs. « Cela fait des années que le lycée n'a pas connu un tel mouvement mais, note son camarade, on veut montrer que l'on peut être d'un établissement privilégié tout en se battant contre une loi inégalitaire. »

    Florence Méréo / Christelle Brigaudeau

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