Médecine : l'accès en deuxième année s'ouvre à plus d'étudiants

Le gouvernement rend désormais possible l’accès en deuxième année de médecine pour des étudiants venus d’autres filières. Une réforme nécessaire mais qui fait des mécontents, la PACES n'est plus le seul moyen d'accès en fac de médecine.

Médecine : l'accès en deuxième année s'ouvre à plus d'étudiants

    Des admissions parallèles pour médecine... Les études de médecine sont en passe de connaître une petite révolution. L’inscription en première année commune aux études de santé (Paces) ne sera désormais plus la seule voie d’accès en deuxième année de médecine, d’odontologie (dentiste), de maïeutique (sage-femme) ou de pharmacie.

    Sept facultés (Paris-V, Paris-VII, Paris-XIII, Angers, Rouen, Saint-Etienne et Strasbourg) viennent de lancer, ou lanceront en septembre 2015, des expérimentations qui offriront à leurs étudiants 15 % des places en deuxième année d’une de ces quatre filières médicales

    « Il y a un enjeu majeur à diversifier le recrutement des futurs professionnels de santé, qui restent, pour l’instant, majoritairement des bacheliers scientifiques, souligne Geneviève Fioraso, la secrétaire d’Etat chargée de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, à l’initiative de cette réforme. Avec le vieillissement de la population par exemple, les médecins vont devoir être mieux formés à l’accompagnement des personnes âgées et donc aux sciences humaines et sociales. Le développement de l’e-santé nécessite également de nouvelles compétences. »

    Mais la reforme des études de médecine est un sujet très sensible...

    Comme le fameux numerus clausus — le nombre d'admis en deuxième année — restera inchangé, les étudiants actuellement en première année de médecine auront moins de places que précédemment pour passer en deuxième année, ce qui peut créer chez eux un sentiment d'injustice. L'an passé, seuls 12 807 sur 58 046 ont réussi le concours. Soit moins d'un sur cinq.

    Pourtant, il y a consensus sur la nécessité de réformer cette première année, véritable gâchis. Elle est ouverte à tous les bacheliers, quels que soient leurs résultats scolaires. Et l’examen a le défaut de surtout sélectionner par QCM (questionnaires à choix multiples) qui favorisent les purs matheux au détriment d’autres profils. Cela conduit à la reproduction d’une génération à l’autre de médecins issus des mêmes milieux, au détriment de la diversité. L’idée de transformer cet examen est donc pertinente… mais pas encore très cadrée. Pour l’instant en tout cas, ces nouvelles expérimentations varient d’une faculté à l’autre. A Paris-XIII, par exemple, une partie des places sera réservée à des étudiants de deuxième ou troisième année issus de diverses licences. « Nous ne les avons pas encore recrutés, donc nous ne connaissons pas leurs profils, mais nous accueillerons certainement des jeunes issus de filières voisines comme la biologie », prédit Jean-Luc Dumas, le doyen de la faculté. Ces candidats seront sélectionnés sur dossier et par examen.

    A terme, le concours de première année de médecine, si critiqué, pourrait disparaître. « Ces expérimentations doivent se prolonger jusqu’en 2020, souligne le ministère. Nous verrons alors lesquelles ont les mieux marché, et s’il faut les généraliser ou non. »

    « C’est complètement injuste »

    Stanislas, étudiant en première année de médecine à l’université Paris-Descartes

    La réaction de Stanislas a le mérite d'être claire. Face à la nouvelle mesure prise par Geneviève Fioraso, cet étudiant en première année de médecine à l'université Paris-Descartes s'insurge. « C'est complètement injuste ! Permettre à des étudiants issus d'une licence d'entrer en seconde année de médecine, sans passer par la première année commune aux études de santé (Paces), est discriminant pour ceux qui choisissent le cursus normal », déplore-t-il.

    L'expérimentation mise en place vise à diversifier l'accès aux études de médecine. Mais elle ne semble pas plaire aux premiers concernés. « Si l'on termine à seulement dix places de la deuxième année alors que l'on a travaillé d'arrache-pied, c'est injuste et rageant d'être recalé du concours à cause du quota occupé par les étudiants en licence » constate-t-il, estimant « avoir acquis plus de connaissances qu'eux ». Son ami Jules, qui rêve de travailler en neurochirurgie, craint que les programmes de ces nouveaux arrivants ne soient pas adaptés. « On ne sait pas s'ils pourront combler le retard qu'ils ont pris. Il faut passer la première année pour avoir le niveau. »

    Ils sont nombreux, comme ces deux jeunes hommes à douter de l’efficacité de cette méthode d’admission. « C’est une mauvaise idée pour eux, ils n’ont pas acquis l’esprit et la façon de raisonner que l’on est en droit d’attendre en médecine », estime Pierre, 18 ans, lui aussi étudiant en première année, pour qui celle-ci constitue un vrai révélateur. « La Paces sert surtout de test de motivation pour savoir si l’on est fait pour le métier », lâche-t-il.

    Pour Mégane, « question équité, il y a mieux ». Cette grande brune qui a déjà redoublé craint que la mesure ne provoque une fracture entre élèves. « On aura d'un côté les étudiants issus de la Paces et de l'autre ceux provenant d'une licence. Cela risque de créer des tensions voire des stigmatisations », redoute la jeune femme. « Si j'avais su, j'aurais sans doute choisi ce cursus », regrette Murielle qui souhaite devenir pédiatre ou chirurgien. « La Paces est tellement difficile, ça m'aurait simplifié la vie », souffle-t-elle, même si d'après elle « il faudrait comparer les matières entre les étudiants en licence et ceux en Paces pour se faire une idée du niveau et des compétences de chacun ».

    Pour autant, certains y voient une opportunité d’ouvrir le cercle restreint des études médicales.

    C’est le cas de Chérif, 19 ans, qui considère ces nouvelles modalités d’admission comme « forcément un peu injustes mais intéressantes ».

    « En France on a besoin de médecin. Si le but est d’ouvrir les portes des études de médecine à plus de monde, alors j’approuve l’idée »

    , confesse le jeune homme qui pense que « le principe qui consiste à mettre en concurrence plusieurs étudiants n’est pas constructif ». Cependant, il reconnaît que « c’est la même chose partout. Dans toute filière il faut écrémer pour ne garder que les meilleurs, c’est comme ça », concède-t-il avec lucidité.

    Sept universités testent de nouvelles formules pour les études de santé

    L’université d’Angers

    créera à la rentrée 2015 la formation PluriPass, qui permettra à ses étudiants de passer les concours des quatre filières médicales à la fin de leurs deuxième et troisième semestres.

    Dans les universités de Paris-V, Paris-VII, Paris-XIII et de Saint-Etienne

    , les étudiants inscrits en deuxième ou troisième année voulant s’orienter vers une carrière médicale pourront désormais suivre des modules d’enseignements complémentaires pour rattraper leur niveau face aux élèves inscrits en Paces. Ils seront sélectionnés en fonction de leur dossier universitaire et devraient représenter de 5 à 15 % des recrues en seconde année des filières de santé.

    L’université de Rouen

    a créé, cette année, une nouvelle licence sciences pour la santé. La faculté réservera 6 % des places dans ses quatre filières de santé à ses étudiants en deuxième année inscrits dans cette licence et 9 % à ses étudiants en 3 e année, tous sélectionnées sur dossier.

    L’université de Strasbourg

    va mettre en place des « passerelles d’excellence » l’an prochain entre ses licences des sciences du vivant et de chimie vers les filières médicales qui représenteront de 6,5 % à 25 % des étudiants admis en deuxième année de médecine, de sage-femme…

    Consultez aussi :

    L'application mobile Nomad Education : pour vous aider à réviser la PACES

    Hélène Haus, Guillaume Genet

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Audencia Business School
    Economie / Finance / Banque / Comptabilité
    Nantes
    EDC Paris Business School
    Marketing / Communication
    Courbevoie
    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1