Conservateur du patrimoine : un concours difficile

Travailler dans les musées, les institutions patrimoniales ou les archives… Un rêve pour tout passionné de culture et qui a son métier : conservateur, ou conservatrice, du patrimoine.

Après son bac, Isabelle Marquette a suivi les deux cycles de l’Ecole du Louvre et poursuivi avec un master recherche à l’université de Franche-Comté.
Après son bac, Isabelle Marquette a suivi les deux cycles de l’Ecole du Louvre et poursuivi avec un master recherche à l’université de Franche-Comté.

    Travailler dans les musées, les institutions patrimoniales ou les archives… Un rêve pour tout passionné de culture et qui a son métier : conservateur du patrimoine, ou conservatrice du patrimoine.

    Ce métier de la fonction publique passe par un concours de catégorie A, organisé par l’Institut national du patrimoine (INP), point d’entrée dans la profession. L’INP est aussi une école d’application qui assure une formation aux reçus du concours durant dix-huit mois, la moitié en enseignements et l’autre en stages.

    Chaque postulant peut présenter une ou deux spécialités des cinq existantes

    — archéologie, archives, monuments historiques et inventaire, musées, patrimoine scientifique, technique et naturel — et concourir pour l’Etat, la fonction publique territoriale ou en interne.

    Si le concours est officiellement ouvert à des titulaires de licence, la quasi-totalité de ceux qui se présentent ont en réalité un master ou même un doctorat. Six cents à 700 personnes passent le concours pour 45 à 50 postes ouverts en moyenne. Les places sont donc chères, mais pas impossibles à décrocher.

    « Le site de l’INP rassemble les annales des épreuves et les rapports des jurys, des documents très importants pour comprendre l’esprit du concours, note Eric Gross, directeur de l’établissement.

    Je conseillerais aussi de lire les pages culturelles des journaux pour connaître les problématiques du secteur, savoir ce qui s’y fait, l’approche universitaire ne suffit pas. »

    « Les candidats sont interrogés à l'oral du concours sur leur appétence pour le métier, il est donc fortement recommandé de suivre des stages pour se mettre en situation dans les spécialités qu'ils présentent, estime de son côté Isabelle Bardiès-Fronty, conservatrice en chef au musée de Cluny et coordinatrice de la classe préparatoire de l'Ecole du Louvre. De même, une double formation, type histoire-histoire de l'art ou lettres-histoire de l'art, permettra d'ouvrir ses horizons. »

    600 à 700 candidats pour 45 à 50 postes ouverts en moyenne

    Des préparations au concours sont proposées par l’Ecole du Louvre, l’université de la Sorbonne, ainsi que l’université de Lyon (Rhône) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) pour les agents territoriaux. « La grande difficulté du concours réside moins dans les épreuves que dans l’excellence des candidats qui se présentent, souligne Milovan Stanic, responsable de la préparation au concours à la Sorbonne. Toutefois, il ne faut pas se décourager et ne pas hésiter à se représenter, il est possible de s’inscrire jusqu’à cinq fois. »

    Après les dix-huit mois de formation dispensée à l’INP, soit les heureux élus sont nommés par l’Etat, soit ils postulent

    (dans le cadre du concours territorial) auprès des collectivités. « Il est possible de démarrer sa carrière à la tête d’un musée, d’un département ou d’être adjoint, en fonction de l’importance des collections, détaille Eric Blanchegorge, président de l’Association générale des conservateurs des collections publiques de France (AGCCPF) et directeur des musées de Troyes (Aube). Il y a aussi des postes plus administratifs dans les Directions régionales des affaires culturelles (Drac) ou à la Direction du patrimoine. Les archivistes peuvent travailler aux Archives nationales ou dans les grandes administrations et ministères comme l’Elysée, Matignon, le Quai d’Orsay. » Sans oublier les monuments historiques, les châteaux, les églises. Autant de beaux débouchés pour les amoureux de la culture.

    TEMOIN

    « J’ai participé à l’ouverture d’un musée national ! »

    Isabelle MARQUETTE, 29 ans, conservatrice du patrimoine, responsable

    du pôle mobilité, métissage et communications au MuCEM à Marseille.

    « c’est sans doute une opportunité unique dans une carrière : j’ai pu participer à l’ouverture d’un musée national! » Arrivée il y a un an et demi au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) à Marseille (Bouches-du-Rhône), Isabelle Marquette, conservatrice du patrimoine et responsable du pôle mobilité, métissage et communication, goûte tous les jours la passion de son travail.

    Reçue aux deux concours d’Etat et territorial

    Durant une année, elle a participé activement aux derniers préparatifs avant l’ouverture du musée, effective depuis six mois : dernières recherches d’objets, arrivée et installation des œuvres, signalétique pour le public. « C’était une période intense et enrichissante, qui m’a permis de m’inscrire dans le projet et l’équipe. »

    Responsable d’un pôle de collections, elle est chargée de la conservation, de l’enrichissement, de l’exposition des œuvres. « Celles-ci requièrent à la fois une approche matérielle, par exemple pour évaluer leur état de conservation, et une approche intellectuelle, à travers la recherche qui permet d’enrichir la connaissance que l’on en a. » Elle écrit aussi dans les publications du MuCEM et d’autres revues à l’occasion des expositions et est amenée à se déplacer en France ou à l’étranger. Débutante dans sa carrière, elle touche un peu moins de 1900 € net par mois. Mais ce métier est pour elle une vraie vocation. « Mon projet professionnel s’est affiné au cours de mes études. Beaucoup d’intervenants à l’Ecole du Louvre sont des conservateurs, cela m’a inspirée. »

    Après son bac, elle suit les deux cycles de l'Ecole du Louvre et poursuit avec un master recherche à l'université de Franche-Comté à Besançon. Elle décrochera le concours de conservateur à son troisième passage : reçue aux deux concours d'Etat et territorial, elle opte pour la première voie. « Mes expériences dans les musées de plusieurs villes m'ont vraiment aidée à m'affirmer, non plus en tant qu'étudiante mais comme professionnelle en devenir, ce qui est déterminant lors de l'oral du concours. » Une persévérance récompensée aujourd'hui.

    Dossier réalisé par Coralie Donas

    Article paru dans le supplément éco du Parisien

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