« J’ai du mal à m’évaluer » - Nos candidats face au Bac philo !

Yassine n'est pas trop certain d'avoir réussi, mais il a "fait sept pages"

Le bac, c’est encore ceux qui le vivent qui en parlent le mieux. Malgré le trac et l’adrénaline, deux candidats de terminale ES (économique et social) ont accepté de jouer pour notre journal les envoyés spéciaux dans le bachot.

Chaque jour, ils nous envoient leur selfie, et leur récit, singulier, sur ce rite de passage de toute une génération. Yassine veut surprendre ceux qui doutent de lui et décrocher le diplôme, si possible avec mention. Il part avec des points de retard mais aussi une grosse dose de motivation ! Pour Claire, brillante élève, le seul suspense sera celui de sa moyenne aux épreuves. Hier, tous les deux ont opté pour le même sujet de dissertation à l'épreuve de philo : « La conscience de l'individu n'est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ? » Place ce matin à l'histoire-géo, l'une des épreuves phares de leur série.

« J’aime bien cette ambiance »

Yassine, 18 ans, lycéen à Saint-Denis

« Avant d'aller à l'épreuve de philo, j'ai reçu des messages d'encouragement de mon frère et d'autres personnes de ma famille, ça m'a fait vraiment chaud au cœur. Ensuite, devant la grille du lycée, on était tous un peu stressés. On découvre une nouvelle atmosphère, on se sent en compétition, mais j'aime bien, dans le fond, cette ambiance de grand test. Quand j'ai vu les sujets, je les ai trouvés vraiment difficiles, au début j'ai failli faire un hors sujet, j'étais trop nerveux. Et puis j'ai relu l'intitulé et là, j'ai eu plein d'idées, je me suis lancé. J'ai argumenté autour de l'exemple de l'esclavage, j'ai contré avec une citation de Kant, j'ai cité Nietzsche et Bergson. En tout j'ai fait sept pages, j'ai bien géré mon temps : j'ai terminé dix minutes avant la fin. J'espère que ma dissertation est réussie mais j'ai du mal à le mesurer. Je ne suis pas vraiment confiant, mais je dois regarder devant moi.

Je vais essayer (à partir d’aujourd’hui) de jeûner, car je suis croyant et le ramadan commence. J’ai beaucoup d’amis qui ont envie de le faire, comme moi, mais on se pose des questions. Si c’est trop dur à concilier avec le bac, je rattraperai plus tard mes jours de jeûne, comme me l’ont conseillé mes parents. Je vais me lever (cette nuit) à 3 h 30 pour manger, et redormir un peu avant l’histoire-géo. D’ici là, il faut que je révise mes cartes de géographie, c’est mon point faible. Allez, je vais à la bibliothèque… »

« J’ai du mal à m’évaluer »

Claire, 17 ans, lycéenne à Vincennes (Val-de-Marne)

« Je suis partie de chez moi tranquillement vers 7 h 20 pour arriver au lycée à 7 h 30. J'ai de la chance, je passe le bac à côté de chez moi. Je me suis quand même levée tôt ! Dans la salle, en attendant les sujets, on se faisait des petits sourires nerveux et je regardais autour de moi : beaucoup de têtes familières, quelques bonnes amies… Ça rassure ! A 8 h 0 1 tapantes, le prof qui nous surveille (c'est mon prof d'histoire) a annoncé : Début de l'épreuve de philosophie, vous avez 4 heures. Le sujet m'a plu tout de suite. J'ai commencé à définir les termes de l'intitulé, j'ai fait une liste des auteurs et notions relatifs au sujet et j'ai opté pour un plan dialectique assez simple : Oui/Mais/Dépassement de la contradiction. A 9 heures, il était temps de rédiger. J'ai soigné mes transitions, c'est primordial en philo, selon ma prof. J'ai cité en exemple un film de Truffaut, j'ai parlé de sociologie, de Freud et de Descartes. Je m'accordais des micropauses, je regardais les gens dans la salle ou par la fenêtre : une vue sur le gymnase. Il n'est pas beau mais il reste plus distrayant que mes feuilles de brouillon !

J’ai fini à 11 h 40. Entre nous, sur le trottoir, on a comparé nos plans. J’ai du mal à évaluer ma copie, je n’ai pas regardé les corrigés sur Internet. Voilà surtout une épreuve de passée… Plus que cinq ! »

Premier couac à la Réunion

Le premier couac du bac 2015 s’est produit hier. Pour l’épreuve de philo des séries technologiques, le rectorat de l’île de la Réunion a envoyé par erreur les intitulés des sujets aux médias locaux dans la matinée… alors que l’épreuve débutait en début d’après-midi ! Du coup, les lycéens concernés ont planché sur les sujets de substitution. Ceux de métropole ont gardé les sujets initiaux.

Christel Brigaudeau