Orientation post-bac : étudiants et parents avancent à l'aveugle

Salons d'orientation, journées portes ouvertes à distance via un écran, examens du nouveau bac en sursis... beaucoup d'incertitudes et donc de stress

Emilie, qui souhaite intégrer l’année prochaine une école de commerce, participe à des salons virtuels d’orientation depuis sa chambre. LP/Aurélie Ladet
Emilie, qui souhaite intégrer l’année prochaine une école de commerce, participe à des salons virtuels d’orientation depuis sa chambre. LP/Aurélie Ladet

    par Christel Brigaudeau

    C’est maintenant que les élèves de terminale commencent à se préoccuper de leurs études supérieures. Un moment crucial, rendu plus stressant encore cette année par la réforme du bac et le contexte sanitaire.

    Voilà trois semaines qu'Emilie court les salons… sans sortir de chez elle. C'est devant son ordinateur que cette élève de terminale cherche l'école qui lui ouvrira les portes d'un avenir qu'elle espère sûr et épanouissant. Samedi, elle écoutait les conférences de l'ISC, une école de commerce. Dimanche, celles de Studyrama. La semaine passée, c'était un rendez-vous de l'Etudiant. « C'est plutôt bien fait, on a des informations, on discute avec des étudiants, mais c'est frustrant de ne pas voir les lieux », témoigne-t-elle.

    Il va falloir s'y faire : contraintes sanitaires oblige, l'ensemble des forums et portes ouvertes ont été annulés ou reportés. Et le déconfinement n'y changera rien. D'ici à la fin mars, au moment de graver dans le marbre de Parcoursup les souhaits d'études post-bac, il faudra s'orienter à l'aveuglette.

    Le tout-virtuel a ses limites

    « Tous nos événements passent en virtuel jusqu'en février inclus et toutes les écoles feront leurs journées portes ouvertes en distanciel, explique Sébastien Mercier, le directeur commercial de l'Etudiant. Pas évident de se projeter dans les études supérieures dans ce contexte… » « On essaie de répondre à la demande, mais ce n'est pas la même chose que des vraies rencontres », atteste Jean-Christophe Hauguel, à la tête de l'école de commerce ISC.

    L'association de parents FCPE de Paris est « très interpellée » en ce moment par des parents plus préoccupés que jamais pour l'avenir de leurs enfants. A cette inquiétude s'en superpose une autre : celle des interrogations sur les rouages techniques de la procédure Parcoursup et du nouveau bac, lui-même modifié avec le contexte sanitaire. « La grande inquiétude des élèves est de savoir précisément ce qui va compter pour leurs dossiers de candidatures », note Claire Guéville, du syndicat enseignant Snes-FSU, et spécialiste du lycée. « On ne sait pas trop comment nos notes de contrôle continu seront évaluées dans le supérieur : le lycée d'origine risque de beaucoup compter », anticipe Licia, 17 ans.

    «Compliqué de s'informer»

    Janet, en terminale au lycée Voltaire, à Paris, a « tenu dix minutes » la semaine dernière, à la conférence en ligne organisée par Sciences-po. « J'ai du mal à suivre à distance, et je ne connais encore rien à Parcoursup, je trouve compliqué de s'informer », avoue la jeune fille, qui compte, pour y voir plus clair, sur les ateliers organisés cette semaine par son bahut. Les élèves y assisteront au compte-gouttes : depuis le nouveau protocole sanitaire en vigueur dans les lycées, les jeunes n'ont cours que par demi-journées dans son établissement.

    Certes, « beaucoup d'informations sont déjà disponibles en ligne, sur le site de Parcoursup ou le site Terminale 2020 2021 », rappelle Jérôme Teillard, chargé du dossier au ministère de l'Enseignement supérieur. Mais « les salons sont une occasion pour les jeunes de réaliser, physiquement, que l'orientation est un gros morceau et qu'il est temps de s'y mettre : c'est cette prise de conscience qui risque de faire défaut », analyse Ferroudja Kaci, conseillère au centre d'information et de documentation de la jeunesse (CIDJ).

    « L'univers s'est rétréci et dans ce contexte, les plus fragilisés sont ceux qui sont éloignés de codes scolaires », souligne aussi Claire Guéville. Selon une étude menée par le sociologue Jules Donzelot, pour l'association Jobirl, auprès de 599 élèves de trois lycées de banlieues défavorisées d'Ile-de-France, « un jeune sur cinq ignore si ses parents ont fait, ou non, des études après le bac ». Signe que ces élèves n'ont probablement jamais eu de conversation poussée sur l'orientation dans le cadre familial.

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