Parcoursup 2019 : «Nous avons décidé d'accélérer le calendrier»

La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, nous détaille en exclusivité les évolutions de la plateforme d’orientation dont le site d’information est mis en ligne ce jeudi.

Parcoursup 2019 : «Nous avons décidé d'accélérer le calendrier»

    Parcoursup, acte 2. La plateforme d’orientation des bacheliers attaque sa deuxième année d’existence ce jeudi 20 décembre, avec l’ouverture du site d’information parcoursup.fr, un mois avant le lancement de la procédure.

    Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal détaille les évolutions de la plateforme avec un souci majeur : l’accélération du calendrier pour tenter d’éviter un nouvel été de tension aux candidats.

    La plateforme Parcoursup ouvre jeudi sur fond de contestation et d’inquiétudes. Que dites-vous aux élèves qui ont manifesté contre les nouvelles modalités d’accès aux études supérieures ?

    FRÉDÉRIQUE VIDAL.

    Je comprends qu’il puisse y avoir des inquiétudes, mais je leur dis que Parcoursup est un véritable outil de démocratisation, qui permet de rendre l’accès aux études supérieures plus ouvert et plus juste. L’an dernier, nous avons accueilli 27 000 jeunes de plus, dont 21 % de boursiers supplémentaires. La mise en place des quotas géographiques a permis de favoriser les mobilités. Quant aux « oui, si », c’est-à-dire le fait d’être accepté dans une licence sous condition de suivre un accompagnement, c’est une chance pour la réussite et non une stigmatisation.

    A quoi doit servir la phase qui débute jeudi (20 décembre 2018) ?

    Les lycéens vont pouvoir dans un premier temps étudier l’offre de formation, notamment pendant les vacances de Noël. On fait aussi un effort de pédagogie pour expliquer ce qui se cache derrière certains sigles. Il faut que l’offre de formation soit plus claire pour permettre aux jeunes de mieux se repérer. Cette année, 14 000 formations sont disponibles dans Parcoursup, soit environ un millier de plus que l’an dernier. On intègre par exemple les instituts de formation en soins infirmiers et les formations du travail social.

    Qu’avez-vous changé cette année ?

    Nous avons décidé d'accélérer le calendrier. Lors de la précédente session, il y a eu de la lenteur en août. L'an prochain, la phase principale fermera bien plus tôt, le 19 juillet au lieu du 5 septembre. Autre changement, le candidat sur liste d'attente pourra connaître non seulement son rang mais aussi celui du dernier appelé l'année d'avant. S'il voit que d'autres avant lui ont été pris alors qu'ils étaient 700e sur liste d'attente pour une formation de 500 places, cela le déstressera.

    En septembre, vous aviez évoqué la mise en place d’un système qui permettrait au candidat d’accepter automatiquement une proposition, sans avoir à faire aucune manipulation sur la plateforme ?

    Nous sommes en train de le finaliser. C’est ce que nous appelons le « répondeur automatique ». Ce dispositif interviendra après les épreuves écrites du bac. L’an dernier, nous avons entendu beaucoup de candidats dire : « Je suis en vacances, mais je dois aller voir tous les jours sur la plateforme pour être sûr de ne pas rater une proposition. » Grâce à ce système, ils pourront nous indiquer, une fois les épreuves du bac passées, leur priorité.

    Combien de places seront créées cette année ?

    Les 30 000 places créées en 2018 permettront d’accueillir les candidats de cette année. Nous allons également poursuivre l’effort, notamment dans les filières courtes professionnalisantes qui sont plébiscitées, comme les IUT. Comme l’an dernier, nous ajusterons à la marge en fonction des vœux formulés par les candidats.

    Seule la moitié des formations proposent des parcours d’accompagnement, une des mesures phares de votre réforme. Est-ce que cela va s’améliorer ?

    Nous sommes en train de recenser toutes les initiatives, avant d’en faire un bilan. Ce que l’on constate déjà, c’est que les accompagnements prennent des formes très variées. On a par exemple du simple coaching pour redonner de la confiance en soi, des systèmes de tutorat entre étudiants ou encore des universités qui ont choisi des remises à niveau en parallèle du cursus normal. D’autres font un bloc de remise à niveau pendant plusieurs semaines avant le démarrage d’un programme classique.

    L’université de Limoges va expérimenter des licences modulables. Elles dureront quatre ans au lieu de trois pour les élèves les plus en difficulté ou deux ans pour les plus rapides…

    Il s’agit de l’application du nouvel arrêté de licence. Limoges s’en est emparé, d’autres vont le faire. Il faut ensuite construire l’offre de formation pour que cela soit possible. Quand vous êtes devant un amphi très hétérogène, vous avez le risque de perdre ceux qui ont du mal à suivre, mais aussi ceux qui sont trop en avance et s’ennuient. L’avantage de ce système est qu’il permet de raccrocher tout le monde et de les conduire vers la réussite.

    La grande majorité des bacheliers sans affectation venaient des filières professionnelles ou technologiques. Comment y remédier ?

    On distingue deux profils. Premier cas : des jeunes qui n’ont fait qu’un seul type de vœu dans des filières sélectives. A partir du moment où un BTS a jugé que son dossier ne convenait pas, il y a peu de chances que le BTS voisin ne soit pas du même avis. Il faut faire comprendre à ces élèves qu’ils peuvent arriver au même objectif, mais avec un autre type de formation. Ça passe par un bon accompagnement à l’orientation. L’autre cas, ce sont des candidats qui ne peuvent pas bouger ou ne l’envisagent pas, et ça n’est souvent pas lié au seul aspect financier. Il faut les sensibiliser au fait qu’ils ont la possibilité de déménager pour les aider à se projeter. Nous travaillons aussi à expérimenter des cursus à distance, notamment avec des cours retransmis par vidéo dans des salles de formation près de chez eux, principalement pour des publics qui veulent pouvoir suivre des études supérieures sans s’éloigner de chez eux.

    Les quotas géographiques, qui fixent le nombre d’élèves, avaient fait polémique. Des candidats de banlieue affirment avoir été écartés en raison de leur origine géographique…

    Il faut faire la différence entre le ressenti et la réalité. A la rentrée 2018, il y a eu 65 % de propositions supplémentaires faites à des lycéens de l’académie de Créteil pour des formations dans Paris intra-muros par rapport à l’année précédente.

    Les facs peuvent désormais classer les candidatures en tenant compte du lycée d’origine. Faut-il anonymiser les dossiers pour que cela ne devienne pas un élément discriminant ?

    J’ai dit que j’étais effectivement prête à l’envisager et je pense qu’il faut des discussions larges sur le sujet et notamment sur les modalités concrètes de mise en place. Si des lycéens ressentent réellement le fait d’être écartés à cause de leur établissement, il faut tout faire pour lever ce sentiment.

    Allez-vous publier les critères de sélection de chaque formation ? Certains lycéens le réclament pour y voir plus clair…

    Les critères généraux d’examen des candidatures utilisés par les formations seront tous publiés sur la plateforme, tout comme les attendus. Si les formations sont capables de donner des éléments pour aider les lycéens dans leur choix, il faut qu’elles leur donnent ! Dans la réalité, il faut comprendre que les choses se passent au niveau local. Une université reçoit des centaines, voire des milliers de dossiers, très différents. Il y a une part de traitement automatique qui permet de faciliter la gestion des dossiers, mais ils seront, cette année encore, tous examinés par les formations, pour que les universités puissent proposer des parcours personnalisés favorisant la réussite de chacun.

    Romain Baheux et Joffrey Vovos

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