Parcoursup : la machine est grippée

La nouvelle procédure d’admission dans le supérieur tourne au ralenti. À un mois de la rentrée, plus d’un candidat sur cinq ignore toujours où il étudiera.

 Au total, plus de 21 % des candidats à l’enseignement supérieur ignorent où ils étudieront à la rentrée. LP/Olivier Arandel
Au total, plus de 21 % des candidats à l’enseignement supérieur ignorent où ils étudieront à la rentrée. LP/Olivier Arandel

    Que se passe-t-il quand, à un carrefour, toutes les voitures veulent tourner sur une voie où se trouve déjà un véhicule ? Il y a un bouchon.

    C’est un peu la situation dans laquelle se trouvent en ce moment des dizaines de milliers de bacheliers, bloqués sur Parcoursup, la plateforme d’orientation post-bac qui mène à l’enseignement supérieur.

    À moins d'un mois de la rentrée, le 3 septembre, certains commencent à perdre patience et d'autres demandent… qu'on repense le rond-point pour l'année prochaine. La Conférence des présidents d'université (CPU), qui soutient depuis le début le gouvernement dans sa réforme de l'orientation, s'apprête à demander un remaniement en profondeur de la procédure.

    Elle aimerait que les candidats à l’enseignement supérieur hiérarchisent leurs souhaits, quand ils se retrouvent pendant l’été sur liste d’attente sur plusieurs vœux, comme actuellement. Une solution qui réduirait l’embouteillage, mais qui rappelle furieusement… l’ancien système APB, abrogé l’an dernier car jugé beaucoup trop opaque et stressant pour les jeunes et leurs parents.

    Parcoursup ne ferait pas mieux qu'APB ? « Le nouveau système a quand même permis de classer les élèves selon leurs dossiers scolaires plutôt que de tirer au sort les admis dans certaines filières, ce n'est pas négligeable », fait valoir François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise et membre de la CPU.

    «Cela agace tout le monde»

    Au ministère de l'Enseignement supérieur, on souligne aussi que 135 000 élèves ont reçu cette année une proposition de cursus personnalisé à la fac, adapté à leur niveau de départ, ce qui n'existait pas auparavant.

    Reste que sur le plan des grands chiffres, Parcoursup pour l'instant ne fait guère mieux que son ancêtre. À ce jour, 13,6 % des inscrits sont encore dans l'expectative : ils ont reçu une proposition d'affectation mais ne l'ont pas encore acceptée, tout à leur attente que d'autres sièges se libèrent. Par ailleurs, 8,2 % des inscrits, soit 66 661 élèves, sont carrément en carafe sans aucune proposition.

    Au total, plus de 21 % des candidats à l’enseignement supérieur ignorent donc où ils poseront leur cahier ou leur ordinateur à la fin des vacances.

    «

    Ça commence à traîner en longueur et cela agace tout le monde : dans les universités, on ne sait pas combien il faut constituer de groupes et recruter d’enseignants

    », remarque François Germinet. Dans sa faculté de Cergy-Pontoise, moins de 65 % des admis ont confirmé leur venue à la rentrée.

    Pour forcer les attentistes à bouger, les classes préparatoires, mais aussi les IUT ou les BTS, viennent d'obtenir du ministère d'avancer d'une semaine, au 27 août, la date limite des inscriptions dans leurs classes. « À mesure que la date approche, les jeunes vont aller s'inscrire et débloquer des places », pronostique-t-on au cabinet de la ministre Frédérique Vidal.

    Rue Descartes, l’idée d’un retour à un système ressemblant à APB n’emballe guère, même si l’on promet que « les ajustements nécessaires seront faits » après la rentrée, en fonction de l’analyse que dressera le comité de suivi de la réforme.

    D’ores et déjà, le gouvernement va devoir rendre des comptes. Le Défenseur des droits a reçu ces dernières semaines « de nombreuses réclamations » de particuliers au sujet de Parcoursup, ainsi que trois saisines d’élus locaux et de syndicats enseignants et étudiants, qui dénoncent « l’opacité » du nouveau système et des soupçons de « rupture d’égalité » entre les candidats.

    CACHEZ CES CHIFFRES

    Que faire quand 115 815 étudiants sont encore sans proposition d'admission dans le supérieur, le 22 juillet ? Au ministère de l'Enseignement supérieur, une réponse a été… de changer la présentation des chiffres officiels.

    Depuis le 23 juillet en effet, le baromètre de Parcoursup publié chaque jour par le ministère ne laisse plus apparaître deux colonnes, celle des jeunes « ayant reçu au moins une proposition d’admission » et celle des élèves n’en ayant aucune.

    Désormais, les flux sont répartis entre quatre savantes catégories : les candidats « ayant accepté une proposition » (mais certains pas définitivement), ceux qui ont « quitté la procédure », ceux qui « souhaitent s'inscrire dans l'enseignement supérieur via Parcoursup » et les « inactifs ». Il s'agit de ceux qui n'ont pas sollicité la procédure complémentaire du système ni saisi leur rectorat pour trouver une solution, alors qu'ils sont recalés ou sur liste d'attente sur tous leurs vœux.

    Il faut donc faire une addition pour retrouver le nombre de jeunes toujours en stand-by : à la date de mercredi, ils étaient 66 661.

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