Fatima ne partira pas au Mexique : elle a laissé tomber ses projets de vacances d’été.
«
Avec mon fils toujours en attente sur Parcoursup, je n’en profiterais pas
», justifie cette mère parisienne de trois enfants. Son petit dernier, en terminale ES, est encore « en attente » d’une place en BTS ou en fac d’éco-gestion.
Selon les chiffres actualisés hier, 44 % des 812 000 candidats aux études supérieures peuvent se prévaloir d’une inscription ferme et définitive pour la rentrée. La situation des autres est plus incertaine, et en a même démotivé certains juste avant le bac.
« Dans ma classe, on n'a plus revu après le 22 mai ceux qui n'avaient rien dans Parcoursup, ils ne sont pas venus aux révisions du bac qu'organisaient nos profs », témoigne Anissa, en terminale L à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Une situation qui pousse la Fage, la première organisation étudiante, à demander une révision du calendrier. « La procédure actuelle rajoute un stress qui n'est pas sain, estime son porte-parole, Jimmy Losfeld. L'idéal serait qu'elle commence après le bac. » Mais reculer Parcoursup mettrait encore plus d'élèves dans une position incertaine pendant l'été.
Louisa Saleur, lycéenne bordelaise, éprouve déjà cette angoissante expectative. En attente partout, y compris dans la fac de biologie juste à côté de chez elle, il lui faudra peut-être déménager à Toulouse à la rentrée, si l'université de la Ville rose l'accepte… « Et si je trouve un logement en plein mois d'août », grince-t-elle.
Faudrait-il alors avancer le bac ?
Difficile, à moins d'amputer plus encore l'année des lycéens, déjà parmi les plus courtes des pays de l'OCDE. Et reculer la rentrée universitaire ? « Impossible ! balaie Franck Loureiro, le secrétaire général du syndicat d'enseignants du supérieur Sgen-CFDT. Il y a tellement d'élèves supplémentaires en fac, et si peu de salles pour tous les accueillir, qu'on est obligés d'avoir une année universitaire de plus en plus longue pour caser tous les cours.»
44% ont accepté une réponse via Parcoursup soit 357 682 étudiants.
Trouver des plans B
Au ministère de l'Enseignement supérieur, on n'exclut pas de discuter de cette quadrature du cercle « en temps utiles », c'est-à-dire cet automne, quand se réunira le comité de suivi de la réforme. En attendant, il s'agit de rassurer. « De nombreuses situations vont se débloquer au fur et à mesure, et notamment à partir du 6 juillet, avec les résultats du bac. Ceux qui n'ont pas obtenu le diplôme seront désinscrits et ceux qui choisissent des cursus hors Parcoursup libéreront également des places », insiste Jérôme Teillard, en charge du dossier.
Après le 14 juillet en revanche, le rythme des réponses risque de sérieusement ralentir. Alors que le ministère tablait sur trois semaines de fermeture de Parcoursup, il a dû rallonger le délai à quatre semaines, entre la mi-juillet et la mi-août : le nombre de personnels administratifs dans les lycées n'est pas suffisant pour assurer une permanence. Thomas, lycéen parisien accepté en médecine mais « en attente » dans tous ses vœux de classes prépas, ne patientera pas. Il a trouvé un plan B… dans une école privée à 10 000 € l'année et libérera avant la fin de la semaine sa place en fac en se désinscrivant de Parcoursup. « Et ça, ça va être une grande joie ! »
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