"Quoi qu'il arrive, on s'en sortira", Sybille et Nicolas, jeunes diplomés

Nicolas et Sybille, Coline, Fleur et Aurel parmi tant d'autres étudiants regardent l'avenir avec confiance.

Nicolas et Sybille, jeunes diplômés, ne semblent pas inquiets pour leur avenir. LP/ Arnaud Journois
Nicolas et Sybille, jeunes diplômés, ne semblent pas inquiets pour leur avenir. LP/ Arnaud Journois

    Inquiets, eux ? Jamais.

    Diplôme d’urbaniste en poche depuis moins d’un mois, Sybille et Nicolas, 25 ans tous les deux, n’ont pas encore décroché le job de leur rêve. Pour ces deux Nantais, de passage à Paris afin de suivre des conférences, ce n’est pas une raison de ne pas croire en leur avenir. « Avant, il fallait choisir une voie et il était difficile d’en sortir. Aujourd’hui, c’est un peu le monde des possibles. On a la chance d’avoir pu choisir un métier qui est aussi notre passion. On est motivés, quoi qu’il arrive, on s’en sortira. » Comme Sybille et Nicolas, la vingtaine de jeunes que nous avons croisés dans un centre commercial parisien se disent confiants.

    Pour Lucie, 25 ans, journaliste à Paris, ce qui compte, c’est avant tout sa vie personnelle. « Mes proches, ma famille, mes amis me donnent confiance en moi. » Son compagnon, Vincent, avance les progrès technologiques : « Ayant un membre de ma famille touché par une maladie, les avancées médicales me font croire en l’avenir. Les choses vont dans le bon sens, il y a un entrain général. Et puis, on est nés dans une période de crise, ça ne peut pas être pire… »

    des projets plein la tête

    Pour d’autres, c’est un heureux événement qui fait voir le verre à moitié plein. « Quand on devient maman, on se doit d’être optimiste. » Inès, 25 ans, donne son goûter à sa fille de 8 mois, Eléonore. « Ce n’est pas évident. On nous demande un peu d’être Wonder Woman », souffle la jeune psychologue, qui envisage de reprendre son activité à mi-temps. « Mais fonder une famille, dans une société de plus en plus individualiste, cela permet de se détourner de soi-même, d’avoir confiance en son conjoint. »

    Coline, Fleur et Aurel, croisés samedi dans les allées du Salon européen de l’éducation, à Paris, ont également le sourire. Aurel, 17 ans, en terminale S, entend entrer dans une école de commerce spécialisée dans le numérique pour devenir community manager. Fleur, en troisième année de management hôtelier, projette d’ouvrir son propre établissement. Quant à Coline, à peine diplômée de l’université Paris-Dauphine, elle a déjà décroché un CDI dans la finance. « Raisonnée » par ses parents, elle a renoncé à entrer dans une école d’architectes d’intérieur. Mais, peu importe, elle est bien décidée à réaliser son rêve d’une autre manière. « Dans quelques années, quand j’aurai bien gagné ma vie, je créerai ma start-up dans la décoration d’intérieur. »

    "On est nés dans une période de crise, ça ne peut pas être pire"

    Vincent

    Olivier Galland : « Les jeunes sont ultra-matures »

    Olivier Galland, sociologue et directeur de recherche au CNRS, Olivier Galland est un spécialiste de la jeunesse. Il analyse les ressorts de ce regain d’optimisme chez les moins de 26 ans.

    Les jeunes retrouvent du peps. Comment l’expliquez-vous ?

    Olivier Galland. La société est en train de se réformer et cela, les jeunes le sentent. A l’occasion de la dernière élection présidentielle, ils ont vu voler en éclats les vieux codes de la politique. L’ancien système des partis est en train d’agoniser sous leurs yeux. Ils ont vu de parfaits novices devenir députés en six mois. Ce nouveau climat, conjugué à une situation économique qui s’améliore un peu, infuse forcément, y compris auprès de leurs parents, car on est en présence de deux générations dont les valeurs sont très proches.

    Etes-vous en train de dire qu’ils apprécient Emmanuel Macron ?

    Absolument pas. D’ailleurs les moins de 26 ans ont très peu voté pour le candidat d’En Marche !, ils lui ont préféré Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Comme beaucoup, ils attendent de voir ce que va donner le macronisme, au sein des entreprises comme du système éducatif. Mais sans a priori. Ils feront les comptes le moment venu.

    Vous décrivez une génération très pragmatique. N’a-t-elle plus de rêves ?

    Bien sûr que si, mais leur désir premier, c’est de trouver le bon équilibre. Les jeunes par exemple ne rejettent pas du tout le travail, simplement, contrairement à leurs aînés, ils ne le considèrent plus comme une religion. C’est une génération désinhibée, lucide, qui a parfaitement intégré le fait qu’enchaîner les CDD correspondait à une forme de période d’essai, mais qui entend aussi, une fois qu’elle a gagné sa place dans le monde du travail avec un CDI, qu’on respecte son aspiration à avoir du temps pour soi et pour sa famille.

    En somme, ils sont très matures…

    Les jeunes sont ultra-matures ! Et c’est aussi par sens des responsabilités qu’ils attendent la trentaine pour avoir un enfant, car ils savent que cela va bouleverser leur vie. Ils sont en fait très proches des valeurs de leurs parents, lesquels sont eux-mêmes des héritiers des changements introduits par Mai 1968. Comme eux, ils rejettent une société qui serait basée sur l’individualisme forcené.

    Aline Gérard

    Vincent Burgat et Alban De Montigny

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1
    SUP de V
    Commerce / Gestion / Management
    Saint-germain-en-laye