Réseaux d'anciens : les femmes s'organisent

Depuis une dizaine d’années, les diplômées des grandes écoles s’organisent en réseau au sein des associations d’anciens. Leur objectif : favoriser la réussite au féminin.

Réseaux d'anciens : les femmes s'organisent

    Les femmes ont fait leur entrée dans les grandes écoles il y a environ quarante ans. Bien que formées à haut niveau, leurs carrières ne se déroulent pas à l’identique de leurs homologues masculins.

    Elles se sont donc organisées au sein des réseaux d’anciens avec pour objectif de favoriser la réussite professionnelle des diplômées grâce à l’entraide et au networking, à l’organisation d’ateliers et de conférences, mais aussi grâce à un lobbying actif.

    Combat pour l’équité

    Pour Catherine Lejealle, sociologue professeur à l’ESG management school, le combat se situe sur le plan professionnel. « La donne a changé lorsque des femmes formées dans les mêmes établissements que les hommes, aspirant aux mêmes carrières, ont découvert qu’elles n’accédaient pas aux mêmes responsabilités ni aux mêmes salaires. » Les réseaux féminins sont pragmatiques, centrés sur les clés pour réussir. « Ces femmes ne veulent pas être cataloguées, ajoute la sociologue. Il s’agit d’équité : à diplôme, compétences et travail égaux, elles agissent pour ne pas subir de discrimination liée au genre. »

    Préoccupations communes

    Le groupe GEF (Grandes Ecoles au féminin) s’est formé en 2002. Il réunit des représentantes des associations de diplômés de 10 écoles : Centrale Paris, ENA, Ecole des ponts ParisTech, ESCP Europe, Essec, HEC, INSEAD, Mines ParisTech, Polytechnique et Sciences-po. Il touche potentiellement 42000 femmes. « Une enquête du groupe HEC au féminin nous a incitées à fonder GEF, raconte Clarisse Reille, sa présidente. Nous avons pris conscience que les questions que chacune d’entre nous se posait étaient partagées par les autres femmes. » Le groupe s’appuie sur des enquêtes fouillées et indiscutables pour montrer la réalité des inégalités entre diplômés de mêmes écoles selon leur sexe et faire du lobbying auprès de chefs d’entreprise et dans la sphère publique. Le label grandes écoles lui confère une vraie capacité d’influence. « Un grand patron face à 150 centraliennes, polytechniciennes, HEC ou Sciences-po ne peut balayer du revers de la main leurs constats et questions sur l’équité des parcours ! »

    Inclure les hommes

    Les enquêtes de GEF montrent que deux tiers des femmes pensent qu’il y a des freins à leurs carrières, tandis que deux tiers des hommes pensent qu’elles n’en connaissent pas ! « Cette image inversée nous prouve qu’il faut agir auprès des hommes mais aussi avec eux, insiste Clarisse Reille. Nous voulons aussi éviter de créer une forme de rejet vis-à-vis de nos actions. » Le groupe Supélec au féminin ne cherche pas à se positionner comme un réseau sexué et revendique son appartenance à l’association des anciens. Car si Supélec a été pionnière avec ses premières femmes diplômées dès 1818, la création d’un groupe féminin en 2006 au sein de l’association d’anciens a été un événement. « Nous sommes un groupe comme les autres, ouvert aux hommes et aux femmes, affirme sa présidente Marianne Lévy. Ils sont d’ailleurs intéressés lorsque nous organisons des conférences sur des secteurs d’activités. »

    Entraide entre pairs

    Pour donner les clés de la réussite professionnelle aux plus jeunes, Supélec au féminin propose une « opération marraines » d’entraide et d’échanges. « Montrer des rôles modèles, et donc que c’est possible, est très important, d’autant plus dans un milieu majoritairement masculin », souligne Marianne Lévy. Des ateliers abordent aussi la gestion de la carrière : comment se rendre visible, négocier son salaire, animer son réseau, développer son leadership… « C’est essentiel, car les femmes osent moins se mettre en valeur et s’imposer dans le monde professionnel que les hommes. »

    www.grandesecolesaufeminin.net

    http://asso-supelec.org/ GPSupelecAuFeminin

    Céline BILLANT
    Céline BILLANT

    Témoin - « S’entraider pour prendre confiance »

    Céline BILLANT, 29 ans,membre du bureau d’ESCP Europe au féminin, responsable de projet au sein de la direction du développement de Vinci Airports

    Pourquoi avoir rejoint un réseau féminin dès vos études ?

    Au lycée déjà, j’étais soucieuse d’égalité professionnelle. En intégrant ESCP Europe, j’ai souhaité échanger avec des femmes expérimentées. J’ai été très bien accueillie.

    Qu’est-ce que cela vous apporte concrètement ?

    L'avantage d'un réseau féminin, c'est l'authenticité des échanges. On met cartes sur table pour partager les règles du jeu et de la réussite, les codes du monde professionnel, dire ce qui fonctionne ou pas, quels sont les freins et leviers. Cela permet de se ressourcer, prendre confiance, par exemple en assistant à une conférence avec une femme d'exception. Le réseau propose aussi des ateliers de développement professionnel.

    Quel est votre conseil à une étudiante dans cette optique ?

    Les femmes rejoignent souvent les réseaux une fois confrontées à des difficultés. Or, anticiper, connaître la réalité, s’entraider sont des atouts pour se préparer à affronter les freins ou à s’en accommoder. De plus, les fruits de tout réseau se récoltent grâce à un investissement dans la durée. Un réseau, c’est également une ouverture à d’autres personnes, métiers, secteurs, générations de professionnels. C’est une chance d’avoir un réseau féminin dans son association d’anciens, il faut en profiter dès ses études !

    Dossier réalisé par Ariane Despierres-Féry

    en partenariat avec Le Journal des Grandes Ecoles

    Article paru dans le supplément éco du Parisien daté du lundi 4 mars 2013

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