Sans diplôme ou qualification : le nombre de décrocheurs est en baisse

Moins de décrocheurs mais grâce à qui ? La ministre a présenté hier des chiffres encourageants. Le résultat de politiques menées avant son plan, mis en œuvre depuis tout juste un an.

Des dispositifs innovants se multiplient depuis plusieurs années pour tenter d'endiguer le phénomène du décrochage scolaire.
Des dispositifs innovants se multiplient depuis plusieurs années pour tenter d'endiguer le phénomène du décrochage scolaire.

    Voilà quelques jours qu’on laissait filtrer, Rue de Grenelle, la « bonne nouvelle » : le nombre de décrocheurs, ces jeunes qui quittent chaque année le système scolaire sans diplôme ni qualification, a baissé de 136 000 à 110 000 entre 2010 et décembre 2014

    , d’après un bilan présenté hier par la ministre de l’Education nationale. La part des 18-24 ans non diplômés, qui ne possèdent ni le bac ni un CAP ou un BEP, a aussi chuté de 20 % en cinq ans.

    « Nous avons réussi à impulser une dynamique », se réjouissait hier Najat Vallaud-Belkacem, soulignant que l'objectif de François Hollande de diviser par deux le nombre de décrocheurs d'ici à la fin du quinquennat est « à portée de main ». Elle peut en remercier ses prédécesseurs, de droite comme de gauche : les chiffres annoncés hier datent de décembre 2014 et dépeignent une réalité antérieure au grand plan de lutte contre le décrochage qu'elle pilote depuis un an.

    Près de 500 000 jeunes sans aucun diplôme

    Une note du département statistique du ministère, la Depp, esquissait d'ailleurs dès le mois de mars cette tendance à la baisse avec des données datant de… 2013. En fait, voilà une dizaine d'années que l'action publique se penche sur le sort de ces ados qui font le mur un peu, beaucoup, jusqu'à cesser pour de bon, un jour, d'aller en cours. « Les premières mentions du décrochage scolaire en France datent de 1999, et la prise de conscience sur le sujet a vraiment commencé en 2005, quand les pays de l'Union européenne se sont fixé pour objectif d'amener 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat », relate Muriel Epstein, enseignante-chercheuse à l'université de Paris-Nanterre. A cette époque ouvrent les microlycées et d'autres structures qui développent des pédagogies innovantes. Il en existe désormais au moins un par académie.

    Des actions menées depuis 2009 par divers plans...

    En 2009, Martin Hirsch, alors haut-commissaire à la jeunesse, commande une série d’expérimentations sur le sujet. En 2011, Luc Chatel (UMP) instaure une mission de lutte contre le décrochage, puis en 2013, Vincent Peillon (PS) inaugure les réseaux Foquale, un maillage de professionnels de l’Education nationale, d’associations et de collectivités locales, qui travaillent pour rattraper par la manche les jeunes tentés par l’école buissonnière.

    Le plan de lutte de Najat Vallaud-Belkacem creuse le même sillon. Sa principale nouveauté ? La création d'un « droit au retour en formation » pour tous les décrocheurs. Depuis un an, 10 000 jeunes ont appelé le numéro vert unique (lire encadré), et ont pu discuter avec un spécialiste.« Le nouveau plan a donné une impulsion supplémentaire, abonde Gérard Boudesseul, universitaire du Centre d'études et de recherche sur les qualifications (Céreq). Mais plus les choses avancent… plus il devient difficile de ramener à l'école les décrocheurs. Ceux qui restent encore sur le bord de la route sont en très grande difficulté, notamment sociale. » Aujourd'hui, 494 000 jeunes entre 18 et 25 ans ne possèdent aucun diplôme, soit 9 % d'une génération.

    Si vous êtes "décrocheur" : comment rebondir

    Officiellement, un décrocheur est un élève qui a passé au moins six mois d’affilée loin de l’école et qui ne possède ni diplôme ni formation

    . Les moins de 25 ans dans cette situation peuvent contacter un numéro unique (0.800.122.500.) pour faire valoir leur « droit au retour en formation ».

    Les possibilités sont multiples : retourner dans un lycée, intégrer une des trente structures innovantes qui offrent aux décrocheurs une scolarité personnalisée jusqu’au bac, ou encore postuler à un service militaire volontaire

    . Ce nouveau programme, créé cette année dans trois établissements à Montigny-lès Metz (Moselle), Brétigny-sur-Orge (Essonne) et La Rochelle (Charente-Maritime), propose une double formation professionnelle et militaire. Enfin, dans cinq académies (Lyon, Aix-Marseille, Strasbourg, Rouen et Nice), des décrocheurs de plus de 15 ans peuvent effectuer, pendant un an, un service civique ou un stage en entreprise, en conservant leur statut d’élève.

    Christel Brigaudeau

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