Sciences-po : témoignage de Pablo, de la cité au Quai d'Orsay !

Mixité sociale : l'école Sciences-Po fête ses 15 ans d'ouverture via son programme d'intégration des jeunes des quartiers sans passer par concours. Témoignage de Pablo aujourd'hui diplomate au Quai d'Orsay.

Après une brillante scolarité à Science-Po Paris, qu’il a intégré grâce à la convention d’éducation prioritaire, Pablo Ahumada est entré au Quai d’Orsay comme diplomate.
Après une brillante scolarité à Science-Po Paris, qu’il a intégré grâce à la convention d’éducation prioritaire, Pablo Ahumada est entré au Quai d’Orsay comme diplomate.

    Pablo Ahumada, 25 ans, brillant jeune homme qui vit toujours chez ses parents dans une HLM à Chelles (Seine-et-Marne) n’est pas seulement un diplomate du ministère des Affaires étrangères.

    Grâce à son fabuleux destin, il est aussi devenu l’un des meilleurs ambassadeurs des conventions d’éducation prioritaire (CEP) de Sciences-po Paris qui célèbrent ce soir leur quinzième anniversaire dans le grand amphithéâtre de l’école. Il y prendra la parole pour raconter son parcours et dire tout le bien qu’il pense d’un programme destiné, via une sélection parallèle, à ouvrir l’institution aux éléments les plus méritants de banlieue.

    Lancée par feu le charismatique directeur Richard Descoings, cette réforme inédite, qui avait été extrêmement contestée au moment de sa naissance en 2001, est aujourd'hui encensée. A ce jour, quelque 650 élèves ayant bénéficié du dispositif sont sortis de l'école. Pablo, diplômé en 2013, est le premier étudiant estampillé CEP à avoir été reçu, au printemps dernier, à l'un des concours du Quai d'Orsay, celui qui affiche 10 admis pour 350 candidats, tous d'un excellent niveau.

    Un élève comme les autres

    Il fait évidemment la fierté de ses parents chiliens immigrés en France, de son papa réfugié politique, aujourd'hui comptable dans un musée, et de sa maman, prof d'espagnol dans le secteur de la formation continue. En 2008, celui qui a obtenu une mention très bien au bac S a intégré Sciences-po sans passer par le concours classique d'épreuves écrites mais grâce à la convention signée entre l'institution et son lycée Gaston-Bachelard à Chelles situé en zone sensible. Pablo avait d'abord été admissible après avoir présenté dans son établissement un dossier d'actualité sur « la médiation d'Hugo Chavez dans la libération des otages des Farc en Colombie ». Puis il avait été admis à l'issue d'un grand oral à Sciences-po. « Si j'avais opté pour la voie traditionnelle, ça aurait été beaucoup plus difficile et improbable. La grande vertu des conventions, c'est de briser le mécanisme d'autocensure qui nous fait croire que Sciences-po, ce n'est pas pour nous mais pour les élèves des lycées parisiens », analyse-t-il.

    Dans les amphis de la rue Saint-Guillaume, l’étudiant boursier a apporté « une diversité sociale », « un regard différent » lié à sa double culture et « une détermination » sans doute plus forte.

    « Mais j’étais un élève comme les autres, personne ne m’a fait sentir que j’étais moins légitime », se souvient-il. Il n’a jamais cherché à cacher son profil CEP. Au contraire, ce talent des cités en a fait un label pour se démarquer, pour convaincre notamment le jury du prestigieux concours du Quai d’Orsay réussi après trois ans de préparation intense. « Le plafond de verre n’a été brisé qu’à moitié. Pour aller encore plus haut, il faut désormais lever l’autocensure une fois qu’on est à Sciences-po, qui ne doit pas être la finalité », lâche-t-il.

    "Avoir un système scolaire gratuit et accessible à tous, c’est une énorme chance"

    Affecté depuis six mois dans une direction de diplomatie économique, le haut fonctionnaire en costume cravate ambitionne de concrétiser son rêve de môme et d’occuper à l’avenir des postes en ambassade, au Brésil, au Mexique ou en Inde. Ce passionné de négociations entend « servir l’Etat ». « J’ai toujours voulu travailler dans la fonction publique. C’est une façon de rendre à la France tout ce qu’elle a pu faire pour mes parents et moi. Avoir un système scolaire gratuit et accessible à tous, c’est une énorme chance », rappelle-t-il.

    Le Franco-Chilien des quartiers populaires prêche aussi régulièrement la bonne parole dans son ancien lycée à Chelles pour épauler la relève qui prépare Sciences-po en lui montrant que « tout est possible ».

    Consultez aussi :

    Comment Sciences-po s'est ouvert aux banlieues

    Sciences-po : témoignage de Rémy Dick, 22 ans, plus jeune maire de France "Au début, je n'avais pas les références culturelles"

    Vincent Mongaillard

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Edhec Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Roubaix cedex 1
    Audencia Business School
    Economie / Finance / Banque / Comptabilité
    Nantes
    Montpellier Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Montpellier