Soutien scolaire - Bonnenote.fr le site polémique qui fait les devoirs à votre place

A peine lancé, le service Bonnenote ravive la polémique sur ces sites qui proposent de faire les exercices des élèves à leur place, moyennant finances. Explications, éclairage juridique et test du service avec un prof de philo...

Sébastien Labrusse, professeur de philo, a corrigé  la copie commandée sur Bonnenote.fr : "Ensemble médiocre" Crédit photo : Le Parisien Aurélie Ladet
Sébastien Labrusse, professeur de philo, a corrigé la copie commandée sur Bonnenote.fr : "Ensemble médiocre" Crédit photo : Le Parisien Aurélie Ladet

    A peine lancé, le service Bonnenote ravive la polémique sur ces sites qui proposent de faire les exercices des élèves à leur place, moyennant finances.

    La pilule passe très mal dans le monde de l’éducation. « C’est scandaleux, une marchandisation totale du système éducatif », s’étrangle Liliana Moyano, la présidente de la fédération de parents d’élèves FCPE. Au feu les cahiers, par ici la monnaie ! Un entrepreneur de 24 ans, Victor Der Megreditchian, vient d’importer en France un commerce florissant outre-Manche : il propose aux jeunes de faire les devoirs à leur place, moyennant finances. Le nom de son site fait rêver : il s’appelle Bonnenote.fr. Les résultats de notre test un peu moins (lire ci-contre).

    Sur la Toile anglaise, Ivory Research, entre autres, vend depuis des lustres et sans complexe des devoirs « de qualité », garantis sans plagiat. On peut même y choisir le niveau attendu pour la copie, sachant qu'une « first grade » (plus de 16/20) coûtera beaucoup plus cher qu'une note moins clinquante.

    La start-up Bonnenote ressemble à la plate-forme Uber

    Bonnenote, petite sœur revendiquée de cette entreprise, promet à son tour aux francophones « un devoir sur mesure » dans toutes les matières, du collège au master. La start-up ressemble à la plate-forme Uber : elle met en relation des clients avec des « rédacteurs ». Ces derniers, libres de travailler un peu, ou jour et nuit, sont notés par les élèves pour la qualité de leurs productions et rémunérés en fonction.

    « Nous ciblons une clientèle d’étudiants, mais notre service intéresse aussi des parents qui aident leurs enfants dans leurs devoirs et veulent gagner du temps », confie le fondateur. Voilà deux ans qu’il travaille à son projet, après avoir lui-même abondamment utilisé les sites de custom writing à Londres, où il vient de finir ses études de commerce. « Beaucoup d’élèves n’arrivent pas à commencer une copie, c’était mon cas », raconte-t-il. Le site, en plus des devoirs tout faits, permettra sous peu de commander des exposés, des présentations, et même les fiches de lecture d’ouvrages qu’on n’a jamais ouverts.

    Bonnenote n’est pas le premier à se lancer en France.

    En 2009, Stéphane Boukris avait créé le très explicite Faismesdevoirs.com. Tentative avortée : après trois jours d'une polémique monstre, le jeune loup a sabordé son navire « sous la pression du gouvernement », confie-t-il aujourd'hui. « A l'époque, nous avions eu 20 000 demandes de correction en trois heures ! L'idée en termes de business est bonne. Moralement, c'est autre chose », concède-t-il.

    Victor Der Megreditchian se défend, quant à lui, de participer à une triche organisée. « Nous voulons seulement aider les élèves à avoir leurs diplômes, affirme-t-il très sérieusement. Notre objectif est de leur donner l’exemple du devoir parfait, ensuite le client est responsable de ses actes. C’est comme un médicament : ce n’est pas la faute du laboratoire si le patient l’utilise mal, ou trop. » En cas de gros temps, il n’est pas inquiet et se dit prêt à « changer de business model ». Sur le papier, le projet a tout pour générer, si ce n’est des bonnes notes, au moins de jolis résultats financiers : avec 2,5 milliards de chiffre d’affaires par an, le marché du soutien scolaire français est le plus prospère d’Europe.

    Le service de rédaction de devoirs est-il légal ?

    La loi réprimant la fraude aux examens, votée le 23 décembre 1901, n’a pas anticipé l’éventualité d’un service Web payant, bûchant à la place des élèves. « Nous respectons toutes les lois », assure le fondateur de Bonnenote.

    « En fait, celui qui court le risque n’est pas le site mais son utilisateur »

    , précise Valérie Piau, avocate en droit de l’éducation. « Les élèves s’exposent à une sanction disciplinaire, par exemple un zéro, s’il apparaît qu’ils ont triché à leur devoir en le faisant faire par un autre. Et si la note compte pour l’obtention d’un diplôme d’Etat, le procédé pourrait s’apparenter à de la fraude ( NDLR : qui peut être punie de sanctions administratives et pénales) », explique la spécialiste. Mais encore faut-il que l’établissement puisse apporter la preuve de la triche. Or, Bonnenote promet des copies originales, garanties sans plagiat… donc indétectables.

    => Bonnenote.fr : le test / 25 euros la copie et 8/20 à l'arrivée. + Zéro pointé en orthographe.

    Christel Brigaudeau

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