Stage à l'étranger : « Allez voir ailleurs, vous reviendrez changé »

Rachda, originaire de Ris-Orangis, dans l'Essonne S'est envolée pour Montréal, au Québec. Après un séjour d'un mois loin de chez elle et des siens, elle s'en est retournée toute transformée.

Allez voir ailleurs... c’est le conseil de Rachda, 25 ans, revenue transformée de son stage au Canada. Pour faciliter les départs, le gouvernement lance une plate-forme dédiée

Les voyages forment la jeunesse, dit l’adage.

Ils peuvent aussi la métamorphoser si l’on en croit Rachda, une demoiselle de 25 ans domiciliée dans un quartier populaire de Ris-Orangis (Essonne). Car depuis qu’elle est revenue d’un stage d’un mois au Canada, elle n’est plus la même. « Franchement, ça a changé ma vie, ça m’a redonné confiance, ça m’a ouvert au monde, vers d’autres horizons », s’enthousiasme-t-elle.

Pour encourager, en particulier, les 18-30 ans de banlieue à enrichir leur CV d'une expérience à l'étranger, Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a lancé le premier portail sur la Toile recensant tous les dispositifs pour « découvrir » la planète. Rachda est sa meilleure ambassadrice. « Mon message aux jeunes des quartiers, c'est : Allez voir ailleurs, vous reviendrez changé ! », martèle-t-elle.

A l'automne 2014, celle qui n'a validé alors que sa deuxième année de licence langues, littératures et civilisations étrangères (LLCE) est à la recherche d'un emploi. Sa mission locale lui propose alors un stage d'un mois à Montréal tous frais payés grâce, notamment, à l'Office franco-québecois pour la jeunesse. « C'était ma première expérience à l'étranger, à l'autre bout du monde, sans ma famille. Même si j'étais une fille débrouillarde, ce n'était pas simple de s'envoler. Ma mère était inquiète, elle me répétait : Mais tu vas être toute seule ! », se souvient-elle. Elle franchit tout de même le pas, ou plutôt l'Atlantique. Au menu, des cours d'anglais et une immersion dans un salon de thé-pâtisserie du quartier Côte-des-Neiges.

« On a voulu voir ce que je savais faire »

« Quand je suis arrivée dans l'entreprise, on m'a donné des responsabilités. On ne s'est pas arrêté sur mon nom, mes origines, mon physique, mes diplômes. On a voulu voir ce que je savais faire », applaudit-elle. Elle s'imprègne aussi là-bas d'une culture où « tout est géant », où « le hot-dog se dit chien chaud », où « le KFC (Kentucky Fried Chicken) a été rebaptisé PFK (Poulet frit Kentucky) ». Elle tombe sous le charme des us et coutumes de la Belle Province. « Tout le monde se dit bonjour. En France, quand on salue les gens, on est pris pour un extraterrestre », sourit-elle.

De retour au bercail, elle a « la pêche ». Elle décroche sa licence LLCE mais aussi des entretiens d'embauche dans le commerce. « J'y suis allée au culot. Avant, je n'osais pas, j'étais plutôt timide. Maintenant, je fonce, jusqu'à me déplacer au siège de la société. Ma courte expérience à l'étranger, c'est ce qui peut faire la différence, elle ne passe jamais inaperçue auprès des recruteurs », savoure-t-elle. Aujourd'hui, Rachda s'épanouit dans son CDD de manageur en vente au rayon maroquinerie haut de gamme d'un grand magasin de la capitale. Elle ne s'interdit pas à l'avenir de s'offrir une nouvelle évasion lointaine. Son aventure au pays des caribous lui a, dit-elle, « donné envie de repartir ».

Une plate-forme qui fait découvrir le monde

Un stage, des études via Erasmus, un séjour linguistique ou au pair, un travail, une mission humanitaire ou un service civique. Il y a mille et une possibilités de partir à l'étranger et presque autant de sites Internet qui les recensent ! Pas simple pour les jeunes en quête d'évasion de s'y retrouver au milieu de ces tonnes d'informations disparates.

Pour simplifier les choses, le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports a lancé le premier portail de la mobilité internationale accessible ici => decouvrirlemonde.jeunes.gouv.fr

En quelques clics, le candidat à la bougeotte remplit son profil (âge, région d’habitation), ce qu’il souhaite faire à l’étranger, sa destination, sa durée de séjour… Le site lui soumet alors les programmes existants, les démarches à suivre et les organismes à contacter qui correspondent à ses attentes.

"Découvrir le monde" le site web de la mobilité des jeunes #LaBougitude

"Découvrir le monde" le site web de la mobilité... par jeunesse-vie-associative

Chaque année, quelque 100 000 jeunes globe-trotteurs s’accordent une parenthèse hors de leurs frontières

. Seulement 4 % d’entre eux ont peu ou pas de diplômes. C’est surtout cette catégorie de population (des 18-30 ans qui n’ont pas forcément accès à l’information) que cible la plate-forme virtuelle inaugurée aujourd’hui par le ministre Patrick Kanner, à l’occasion d’un déplacement dans une auberge de jeunesse à Paris.

Vincent Mongaillard