Test de MOOC : J’ai fait Centrale... sur Internet !

Depuis la rentrée, des grandes écoles et des universités françaises ouvrent leur enseignement à tous, gratuitement. Pendant six semaines, notre journaliste a suivi un cours de Centrale Lille, qui forme des ingénieurs : examen réussi !

Test de MOOC : J’ai fait Centrale... sur Internet !

    Sans quitter leur canapé, ni débourser un sou ou presque, les internautes peuvent désormais suivre les cours des plus prestigieux établissements de l’enseignement supérieur français.

    Polytechnique, l’Ecole normale supérieure, HEC (Ecole des hautes études commerciales), Centrale Lille, la Sorbonne… Sur le modèle de leurs consœurs américaines, ces grandes écoles et universités se sont converties aux « Mooc » (massive open online courses) : soit, en d’autres termes, des sessions pédagogiques dispensées en vidéo sur Internet, gratuites et accessibles à tous. Etudiant ou retraité, chômeur ou salarié, diplômé ou autodidacte…

    Consultez aussi : qu'est ce qu'un MOOC ? Mode d'emploi en 5 questions/réponses

    Tout le monde peut y participer. Mais peut-on vraiment apprendre devant son écran ?

    Pour le savoir, je me suis inscrite au cours de gestion de projet de Centrale Lille, lancé au printemps et dont la seconde session a débuté à la rentrée.

    Sans aucune formation d’ingénieur, j’ai suivi, comme une élève de l’école, six semaines d’enseignement, à raison de quatre heures hebdomadaires (révisions comprises). Un effort justement récompensé.

    Inscrite à Centrale Lille en deux minutes chrono

    La plupart des élèves de Centrale Lille se sont épuisés pendant deux ans en classe préparatoire pour réussir le concours d’entrée.

    Deux minutes m’auront suffi pour m’inscrire. Sur le site gestiondeprojet.pm, j’indique mon nom, mon prénom, mon adresse mail, et le tour est joué.

    Je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée : ma salle de classe virtuelle compte 10 000 élèves.

    Mes camarades et moi avons accès à une plateforme en ligne, où sont rassemblées les leçons sous forme de vidéos, accompagnées de forums d’échanges et de quiz pour tester nos connaissances.

    Premier soulagement en regardant le film d’introduction : je découvre que je ne vais pas être formée par une machine, mais bien par un professeur de Centrale Lille, Rémi Bachelet, qui fera cours derrière sa webcam.

    Il nous explique les règles du jeu : chaque semaine comprend quatre ou cinq chapitres, et autant de séquences d’une dizaine de minutes, toutes suivies d’un quiz, noté sur 250 points au total.

    A chaque questionnaire, les élèves ont trois essais. Seul le meilleur score est retenu.

    L’examen final est, lui aussi, noté sur 250 points. A la fin, si j’atteins le minimum requis de 350 points sur 500, j’obtiens un « certificat de réussite », et non un diplôme, réservé au cursus classique.

    Semaine 1. Questions pour une championne

    La première leçon est très pédagogique. Pour nous familiariser avec la notion de gestion de projet, le professeur nous explique que nous faisons tous des projets dans la vie : carrière, vacances, achat d’un appartement, etc.

    Cette formation sera toutefois consacrée aux projets d’entreprise. J’apprendrai à planifier, établir un budget, rédiger un cahier des charges…

    L’enseignant porte un soin appréciable à l’articulation et présente le plan du cours en commentant, avec un débit modéré, une présentation PowerPoint.

    Pendant les quiz, j’ai l’impression de jouer à « Questions pour un champion ». Mais cela me demande plus de temps que prévu : trois heures et demie cette semaine, au lieu de la moyenne annoncée de deux heures.

    Malgré quelques problèmes – ma connexion Internet fait sauter les vidéos toutes les deux minutes –, j’obtiens un score parfait de 50/50.

    Semaine 2. Zéro pointé en maths.

    Cette semaine, consacrée à « l’évaluation financière des projets », se passe moins bien : les mathématiques sont ma bête noire…

    J’essaie de me concentrer, mais rien à faire, l’« actualisation », c’est-à-dire le calcul de la rentabilité d’un projet, reste un grand mystère pour moi.

    Lors d’un quiz, je ne peux répondre qu’à une seule des six questions.

    Deuxième tentative. Après 10 minutes de réflexion, je comprends un peu mieux et coche une deuxième bonne réponse.

    Je visionne à nouveau la vidéo et retente ma chance une troisième fois, mais rien à faire : je suis larguée. Je m’en sors avec un piteux 2/6.

    Semaine 3. Problème technique

    Faute de temps pendant la journée, je rattrape les cours de cette session le soir, dans mon lit. Difficile de ne pas sombrer dans le sommeil.

    a semaine est consacrée aux outils basiques d’organisation de projet : animation de réunions, comptes rendus, etc.

    Au quiz du chapitre 4, l’énoncé précise que la réponse se trouve dans l’un des liens URL présentés dans la vidéo.

    Mais il est impossible de cliquer sur ce lien. C’est très frustrant.

    Semaine 4. N’est pas bon professeur sur Internet qui veut

    Durant cette semaine, centrée sur l’analyse fonctionnelle et le cahier des charges, un autre professeur, maître de conférences à Centrale Lille, fait cours.

    Son débit est très rapide et il n’a pas annoncé le plan du cours au début. J’ai plus de mal à suivre.

    Semaine 5. Les forums à la rescousse

    Dernière ligne droite avant l’examen. Au chapitre 3, je bloque sur un calcul, nécessaire pour élaborer un « diagramme de PERT » qui sert à planifier un projet. Au lieu de m’entêter, je pose directement ma question sur le forum. En cinq minutes, deux élèves me répondent.

    Le forum m’a sortie de l’impasse, même si je suis déçue de ne pas avoir reçu d’explications directement du professeur.

    Total de points obtenus au bout des cinq semaines : 246/250. J’accède à l’épreuve finale, mais tout peut encore basculer...

    Semaine 6. L’heure de faire ses preuves

    L’adrénaline monte lorsque mon écran affiche :

    « L’examen final est ouvert. » Le test n’est pas limité dans le temps. Je peux le passer en plusieurs fois dans la semaine

    . Le but n’est pas d’avoir appris par cœur, mais d’avoir compris : j’ai donc la possibilité d’aller piocher dans mes notes en cas de doute. En revanche, je n’ai droit qu’à un seul essai.

    Au fil de l’épreuve, des messages apparaissent : « Vous êtes à plus du milieu », puis « Le certificat classique est en vue ! Mais restez concentrée ! » Trois heures et 60 questions plus tard, j’ai enfin ma note : 229,73/250. J’obtiens mon certificat avec 94,5 % de bonnes réponses, quiz et examen final confondus.

    Il ne me reste plus qu’à l’ajouter sur mon CV et je peux obtenir un « certificat authentifié » payant (de 100 à 150 euros) que j’aurai le droit de faire valoir auprès d’autres universités en France et en Europe.

    Une diplômée parmi 2 000

    Sur les 10 000 inscrits, 5 000 étudiants ont suivi le cours et seuls 2 000 ont réussi à obtenir le précieux sésame. Un chiffre presque dix fois supérieur au nombre d’étudiants d’une promotion de Centrale Lille passée par le concours classique (250).

    Pour ma part, le bilan est positif : les cours se sont révélés pédagogiques et ludiques, j’ai pu apprendre à mon rythme et me faire aider par les autres élèves.

    Le Mooc Centrale Lille a, lui aussi, réussi son examen.

    Par Bénédicte Lutaud - Photos : Stephan Zaubitzer.

    Cet article est issu du Parisien Magazine du vendredi 8 octobre 2013

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    EDC Paris Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Courbevoie
    Institut Lyfe (ex Institut Paul Bocuse)
    Tourisme / Hôtellerie / Restauration
    Écully
    SUP de V
    Commerce / Gestion / Management
    Saint-germain-en-laye