"Toutes les grandes écoles veulent ressembler à des universités !"

Interview de Laurent Batsch, président de Paris-Dauphine, un président heureux, adoré par les uns, jalousé par les autres qui ne supportent pas la réussite insolente de son « grand établissement ».

"Toutes les grandes écoles veulent ressembler à des universités !"

    A la tête de Paris Dauphine depuis 2007, Laurent Batsch a fait de son établissement un objet unique, positionné entre le modèle universitaire et celui de la grande école. Ce qui en fait un président heureux, adoré par les uns, jalousé par les autres qui ne supportent pas la réussite insolente de son « grand établissement ».

    Comment les étudiants de l’Université de Paris Dauphine traversent-ils cette crise ?

    Cela peut surprendre, mais la crise n'a pas affecté le taux d'insertion de nos diplômés de Masters qui est de 95%. J'attends tout de même la fin de l'année pour en savoir plus sur la dernière promotion. Peut-être le niveau des salaires a-t-il été ajusté. Je tiens à préciser que nos enquêtes d'insertion ont été menées par l'APEC, organisme indépendant, afin de présenter des résultats fiables.

    Comment évaluez-vous votre position dans le classement de Shangaï (groupe 200e-300e) ?

    C'est une belle performance, car nous n'avons pas, à Dauphine, de disciplines comme la médecine, la chimie, la physique, la biologie, etc. qui pèsent très lourd dans ce classement. Compte tenu de notre éventail de disciplines relativement restreint, c'est un très beau résultat. Nous attendons d'autres bonnes nouvelles, d'abord parce que le niveau de Dauphine progresse régulièrement, ensuite parce que nous sommes devenus plus attentifs à fournir les informations requises par les classements. Au-delà de Dauphine, le grand enjeu est de faire ressortir dans les classements l'excellence de notre PRES, PSL, « Paris Sciences et lettres », qui est une véritable université globale de recherche, et dont Dauphine est un des bâtisseurs, avec Normale Sup, le Collège de France, l'Institut Curie, l'Observatoire de Paris, les grandes écoles d'ingénieurs de Paris, quatre écoles d'art et de création, etc.

    Dauphine est classée comme université dans le classement de Shangaï. En France, on la considère comme une grande école. Quelle est sa vraie identité ?

    ( Voir le classement ici )

    Ce n'est pas un débat pour nous : nous sommes une université qui réussit aussi bien, voire mieux qu'une grande école, parce qu'on dispense une formation en petits groupes, parce qu'on est très articulé au marché du travail, et parce qu'on sélectionne. D'ailleurs toutes les grandes écoles veulent ressembler à des universités : regardez par exemple HEC et l'X se sont engagées à former une nouvelle université à Saclay, qui l'eut cru ? Pour une simple raison : la recherche se fait dans les universités. Une économie fondée sur l'innovation doit selon moi s'appuyer sur des universités de pointe. Le modèle universitaire l'a emporté, parce qu'il est le modèle des meilleures institutions internationales. Mais ce n'est pas l'université à la française, ce sont des universités sélectives, avec un poids prépondérant donné aux masters et aux doctorats. C'est ce modèle d'université de recherche que nous sommes en train de développer avec PSL.

    Cette vision peut-elle conduire à une hiérarchisation des universités ?

    Non pas de hiérarchisation, parce que tout établissement est nécessaire à la société s’il remplit bien sa mission : donc pas de hiérarchie de valeur. Mais il y a une différenciation des missions selon les établissements. Il faut à la fois offrir une place à davantage d’étudiants dans des formations efficaces et en même temps renforcer des pôles de recherche d’excellence compétitifs au niveau international et qui tirent l’ensemble du système d’enseignement supérieur. Avec 2,2 millions d’étudiants, personne ne croit que tous les établissements, toutes les universités dispensent le même enseignement, et remplissent la même mission. Hiérarchisation, non. Différenciation, oui.

    Vous avez plus de moyens qu’une université classique mais moins qu’une grande école ? Avez-vous des moyens suffisants ?

    Objection ! Nous n'avons pas plus de moyens qu'une université classique, car nous sommes une jeune université, plutôt petite avec 9 000 étudiants, donc structurellement sous-dotée budgétairement. En revanche, nous allons chercher des moyens complémentaires auprès de partenaires : entreprises, institutions, formation continue, apprentissage, droits d'inscription. Au final, le financement extérieur représente près d'un tiers de notre budget. Et nous développons la Fondation Dauphine : j'invite vos lecteurs à consulter son site ! www.fondation.dauphine.fr

    Vous êtes installés au Pôle Léonard de Vinci, à La Défense. Cette implantation va-t-elle se renforcer et s’élargir ?

    Nous avons implanté toutes nos filières de finance, comptabilité, gestion de patrimoine, logistique à La Défense, soit 1 500 étudiants au niveau master. Nous avons donc tenu notre engagement de contribuer au développement de la grande place d'affaires internationale de La Défense, et nous sommes disponibles pour d'autres développements. Pour le moment, nous discutons avec le ministère et le conseil général des Hauts-de-Seine pour sécuriser notre avenir de manière contractuelle. Car il faut pérenniser le financement de notre implantation sur ce site. Il est vrai que cela devient urgent.

    Propos recueillis par Gilbert Azoulay

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