Universités : au secours, les amphis craquent

Les photos d’amphis bondés pullulent sur Internet pour dénoncer le manque de moyens, et une manifestation est prévue vendredi.

Depuis un mois, des photos d'universités surpeuplées (ci-dessus Bordeaux) alimentent la Toile.
Depuis un mois, des photos d'universités surpeuplées (ci-dessus Bordeaux) alimentent la Toile.

    « Soixante-cinq mille étudiants de plus (nombre d’inscriptions supplémentaires, redoublements ou doubles inscriptions compris), c’est l’équivalent de trois universités », avait calculé Thierry Mandon, le secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur, lors de la rentrée. Difficile de pousser les murs : il a donc bien fallu accueillir tant bien que mal, parfois très mal, tout ce monde, soit 2,5 millions d’étudiants au total, dans les facs existantes.

    Ce surpeuplement, les étudiants en colère se sont fait un devoir de le mettre en image. Depuis un mois, les photos d'amphis surchargés alimentent en flux continu le Tumblr #MaSalleDeCoursVaCraquer, lancé par l'Unef, le premier syndicat étudiant qui appelle à manifester vendredi. Toutes se ressemblent : les étudiants sont au coude-à-coude dans les rangées, parfois sans chaise, les derniers arrivés se casent sous les premières tables, leur ordi sur les genoux, ou sont relégués sur les dernières marches des salles. Les clichés ont été pris aussi bien à Paris (Assas ou Descartes) qu'en banlieue (Créteil ou Evry) ou en province (Bordeaux, Nantes, Lyon, Montpellier, Aix-Marseille…). Même les facs des villes moyennes, comme Caen, sont représentées. C'est en première année de médecine, en droit, en psycho et Staps (sport) que ça coince vraiment, ces quatre filières concentrant le plus d'inscriptions.

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    Une tendance démographique qui ne va pas s'arranger

    Le phénomène n’est pas nouveau : il y a eu cette année une augmentation de 1,5 % des nouveaux arrivants, mais cela fait trois ans que la démographie en fac est galopante. Résultat, « les universités sont au bout du rouleau », confiait en septembre Jean-Loup Salzmann, le président de la Conférence des présidents d’université (CPU). Et ça ne va pas s’arranger puisque les babyboomeurs des années 2000 ne vont pas tarder à prendre à leur tour le chemin de facs qui séduisent de plus en plus.

    Pour Thierry Mandon (secrétaire d’Etat à l’Enseignement supérieur) : c'est un défi à relever

    « C'est un défi très fort », mesure Thierry Mandon, qui dit se réjouir de cette explosion démographique. Pour y faire face, il espérait un budget stable, il sera finalement de 23,25 Mds€, en très très légère hausse avec 165 M€ de dotations en plus pour les universités et la création de mille postes. Une goutte d'eau pour l'Unef qui réclame « 500 M€ dans l'immédiat, pour seulement faire face à l'afflux d'étudiants », et beaucoup plus pour atteindre l'objectif des 60 % d'une génération diplômée de l'enseignement supérieur (contre 42 % actuellement) que François Hollande appelle de ses vœux.

    Pour y parvenir, encore faut-il savoir garder les inscrits les moins motivés. Ce ne sont pas les amphis bondés qui les retiendront. Selon une étude du ministère, le parcours des étudiants en premier cycle est en effet ponctué de réorientations et de redoublements qui viennent gonfler les bancs des facs. Seul un jeune sur deux passe directement en 2 e année de licence, alors qu'un sur quatre redouble et un sur quatre se réoriente ou abandonne ses études supérieures. Le ministère estime que « le cœur de la réponse, c'est l'orientation. Un travail est mené actuellement pour l'améliorer, pour que les bacheliers connaissent mieux les filières, leur taux d'insertion et de réussite. Et que l'on ne se dirige pas par défaut vers une licence alors qu'il y a des places dans un BTS qui correspond mieux à son profil. »

    Les étudiants dans la rue à Paris vendredi 16 octobre à 14h

    L'Unef, premier syndicat étudiant, et l'UNL, syndicat étudiant, appellent à manifester vendredi après-midi à Paris à 14h de Jussieu à République, notamment pour obtenir plus de moyens dans l'enseignement supérieur. « Notre génération refuse, qu'au nom de l'austérité, il faille accepter des conditions d'études plus dégradées », assène le président de l'Unef, William Martinet. De nombreuses autres organisations de jeunesse comme la Fidl, Solidaires-Etudiant-e-s, Jeunes Socialistes, Jeunes Ecologistes, Parti de gauche manifesteront également.

    Véronique Maribon-Ferret

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