VIDÉO. Examens surveillés à la maison... comment ça marche ?

Plusieures écoles et universités souhaitent ou utilisent déjà de la télésurveillance d’examens réalisé à distance... comment ça marche ? Quelles sont les limites ?

VIDÉO. Examens surveillés à la maison...  comment ça marche ?

    Des universités françaises ont envisagé de recourir à la télésurveillance des examens de leurs étudiants pendant la pandémie de coronavirus.

    Une option technologique, portée par des entreprises comme « TestWe » et « Managexam », qui crée des remous chez les défenseurs des « droits fondamentaux ».

    La pandémie de Covid-19 a bouleversé le calendrier des universités, obligeant le report des cours en amphithéâtre et des examens. Pour espérer faire passer ces derniers avant l'été, les facultés telles que Rennes 1 ont envisagé de recourir à la télésurveillance. Un système où les étudiants composeraient depuis leur domicile et sur ordinateur.

    Des entreprises comme « TestWe » et « Managexam » proposent des logiciels permettant de vérifier, avec accès aux webcams, l'identité des étudiants qui passent leurs évaluations de chez eux, dans les règles et sans triche. « C'est comme dans une salle d'amphithéâtre, avec un surveillant qui vous regarde, sauf que là, vous êtes à domicile », insiste Benoît Sillard, PDG de TestWe, entreprise qui collabore déjà avec les universités Paris Nanterre et Paris Diderot.

    Scanner sa chambre à 360°

    Dans le « proctoring », type de télésurveillance le plus poussé, « on demande à l'étudiant de scanner sa chambre en faisant un 360 degrés avec son téléphone », explique Patrick Topsacalian, fondateur de Managexam, partenaire de l'université de Caen Basse-Normandie. Une fois le « pourtour de l'ordinateur vérifié pour être sûr que des documents non admis ne traînent pas, […] on lui donne accès à l'examen et il peut composer. »

    Ces dispositifs inquiètent les syndicats étudiants ainsi que l'association « La Quadrature du Net », spécialisée dans la défense des droits fondamentaux, qui dénonce de son côté des « dispositifs invasifs et illégaux ». Avec ces logiciels, « on entre dans une normalisation de la surveillance automatisée », craint Martin Drago, juriste membre de l'association, qui redoute la mise en place progressive de solutions de reconnaissance faciale. « En France, le traitement des données biométriques (caractéristique physique ou biologique permettant d'identifier une personne) est interdit sauf exceptions », indique-t-il, « et parmi elles, se trouve le consentement. Mais si une université recommande un certain type d'examen, est-ce que l'étudiant va se sentir avoir le choix? », s'interroge-t-il.

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    Des données autodétruites au bout de six mois

    De leur côté, les entreprises de télésurveillance assurent respecter le règlement RGPD sur l'utilisation des données, bénéficiant du soutien du ministère de l'Enseignement supérieur qui les recommande directement auprès des universités. « Nos données sont automatiquement supprimées au bout de six mois », garantit Patrick Topsacalian. « Concernant les photos, […] c'est le temps, s'il y a contestation de l'étudiant, d'aller visionner la bande et de regarder s'il y a eu une triche », ajoute Benoît Sillard.

    Faute de budgets suffisant pour recourir à la télésurveillance poussée (proctoring) sur la majorité de leurs partiels, les universités se tournent pour le moment « vers des examens classiques en ligne avec simple contrôle d'identité », certifie Patrick Topsacalian. « Donc, est-ce qu'il y aura de la triche ? Oui, il y aura plus de triche. » Pour assurer une sécurité complète, il faudrait « un surveillant derrière quatre ou six webcams d'étudiants. »

    Par Antoine Castagné

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